Larticle L.258 du Code Ă©lectoral dispose que, dans les communes de moins de 1 000 habitants, « lorsque le conseil municipal a perdu, par lâeffet des vacances survenues, le tiers de ses
Electionsmunicipales - dĂ©mission conseiller municipal. Bonjour, je suis Ă la recherche d'informations bien prĂ©cises en ce qui concerne la dĂ©mission d'un conseiller municipal en fin de liste juste aprĂšs les Ă©lections de ce 23 mars. Il s'agit d'une commune de plus de 1000 habitants, oĂč il y avait 2 listes pour les Ă©lections, les
Pierre Bordreuil, Françoise Briquel-Chatonnet, CĂ©cile Michel dir., Les dĂ©buts de lâhistoire. Le Proche-Orient de lâinvention de lâĂ©criture Ă la naissance du monothĂ©isme, Paris, Ăd. de La MartiniĂšre, 2008, 420 p. 1La parution dâun ouvrage gĂ©nĂ©raliste sur les civilisations du Proche-Orient ancien sâest fait longtemps attendre et câest avec satisfaction et curiositĂ© quâa Ă©tĂ© saluĂ©e la sortie de ce livre. Il se distingue par une prĂ©sentation soignĂ©e et agrĂ©able, accompagnĂ©e dâune trĂšs riche illustration, aussi bien en termes de sources Ă©crites que de reprĂ©sentations figurĂ©es. De nombreux textes originaux, dont les traductions ont bien souvent Ă©tĂ© rĂ©visĂ©es, offrent au lecteur un aperçu de la documentation Ă partir de laquelle on Ă©crit lâhistoire du Proche-Orient ancien. Photographies dâĆuvres dâart, plans et dessins dâobjets et de bĂątiments illustrent avec un grand Ă -propos lâensemble des contributions. Outre les deux cartes gĂ©ographiques gĂ©nĂ©rales qui ornent les deuxiĂšme et troisiĂšme de couverture, huit cartes thĂ©matiques techniquement trĂšs rĂ©ussies permettent de se reprĂ©senter le contexte gĂ©o-politique des diffĂ©rentes Ă©poques et rĂ©gions envisagĂ©es dans lâouvrage. 2Lâentreprise assumĂ©e par les auteurs Ă©tait de taille il sâagissait de dresser, pour la pĂ©riode sâĂ©tendant de la fin du IVe Ă la fin du Ier millĂ©naire av. n. Ăš. un panorama des civilisations du Proche-Orient antique » oĂč se sont produits tant de changements capitaux dans lâhistoire de lâhumanitĂ© » p. 5. La MĂ©sopotamie fut marquĂ©e, dĂšs le IVe millĂ©naire, par lâapparition de lâurbanisation et de lâĂ©criture ; la cĂŽte mĂ©diterranĂ©enne et le nord de la Syrie avaient Ă©tĂ© le lieu de la rĂ©volution nĂ©olithique au VIIIe millĂ©naire et furent celui de lâinvention de lâĂ©criture alphabĂ©tique au IIe millĂ©naire av. n. Ăš. Ces deux domaines entretinrent dĂšs la plus haute AntiquitĂ© des contacts et des Ă©changes frĂ©quents ; ils se trouvĂšrent mĂȘme rĂ©unis aux VIIIe et VIIe siĂšcles au sein de lâEmpire constituĂ© par les rois assyriens. Ils demeurent pourtant souvent sĂ©parĂ©s par les Ă©tudes sur le Proche-Orient ancien, qui sâintĂ©ressent prioritairement â du moins en France â Ă lâune ou lâautre des documentations. Un des mĂ©rites de cet ouvrage est donc de confronter les connaissances de spĂ©cialistes de ces deux domaines, chacune des contributions qui le composent tentant, autant que faire se peut, de mettre en regard pour chaque sujet abordĂ© les documentations de MĂ©sopotamie et du Levant pour les trois millĂ©naires concernĂ©s. 3Le livre souffre cependant, dans son ensemble, de quelques choix Ă©ditoriaux malheureux et ce, dĂšs le titre. Celui-ci, aussi Ă©vocateur que le bien connu Lâhistoire commence Ă Sumer de S. N. Kramer, vieux aujourdâhui dâun demi-siĂšcle, est propre Ă attirer lâattention dâun grand public passionnĂ© par la recherche des origines et tente ainsi de faire concurrence Ă ces autres civilisations anciennes dont les vestiges matĂ©riels grandioses sont plus Ă©videmment sĂ©duisants et mĂ©diatiques que ceux de MĂ©sopotamie et du Levant. Le sous-titre entend donner des limites temporelles Ă ces dĂ©buts » de lâhistoire. Lâinvention de lâĂ©criture est certes communĂ©ment retenue comme moment marquant le dĂ©but de lâhistoire entendue comme Ăšre succĂ©dant Ă la prĂ©histoire. Mais on peut Ă bon droit se demander en quoi la naissance du monothĂ©isme reprĂ©sente le terme des dĂ©buts de lâhistoire. Lâexpression donne tout dâabord, par sa formulation de ... Ă ..., lâimpression dâun cheminement linĂ©aire et quasi nĂ©cessaire, dâun progrĂšs des civilisations vers une forme de modernitĂ© ; elle laisse en outre envisager que, une fois le monothĂ©isme inventĂ©, la vĂ©ritable histoire peut enfin ? commencer. LâĂ©diteur commercial est certainement grandement responsable de cette formulation qui rĂ©unit sur la couverture de son livre deux thĂšmes propres Ă toucher un large lectorat. Son choix donne lieu cependant Ă un raccourci historique que les auteurs nâont Ă coup sĂ»r pas voulu. 4PassĂ©e lâintroduction qui prĂ©cise briĂšvement les cadres spatiaux et temporels de lâouvrage ainsi que la nature des sources et les grands repĂšres chronologiques marquant ces quelques trois mille ans dâhistoire, il nâest plus question, dans les quatre parties qui suivent, dâhistoire politique Ă©vĂ©nementielle lâapproche est rĂ©solument thĂ©matique et le plan gĂ©nĂ©ral du livre dĂ©cline de maniĂšre trĂšs classique une histoire Ă©conomique premiĂšre partie, une histoire des institutions deuxiĂšme partie, une histoire sociale troisiĂšme partie et une histoire culturelle quatriĂšme partie des civilisations du Proche-Orient ancien. 5Le titre de la premiĂšre partie Du village Ă la ville », qui reprend dans sa formulation le parti Ă©volutionniste du sous-titre du livre, est rĂ©ducteur au vu du contenu des quatre chapitres qui la constituent. Bien au-delĂ du phĂ©nomĂšne fort intĂ©ressant de fixation des populations du Proche-Orient ancien en foyers de peuplement sĂ©dentaire de plus en plus importants entre le VIIIe et le IVe millĂ©naire, qui nâest abordĂ© que dans une partie du chapitre 4 consacrĂ© Ă La naissance des villes », lâinformation dĂ©livrĂ©e ici est en rĂ©alitĂ© plus largement dâordre Ă©conomique et traite de maniĂšre conjointe du dĂ©veloppement des activitĂ©s humaines et de lâĂ©volution des modes de vie des populations du Proche-Orient jusquâau Ier millĂ©naire av. n. Ăš. Il est ainsi question tout dâabord de lâagriculture irriguĂ©e et de lâĂ©levage chap. 1 ; des innovations techniques ensuite, dans des domaines aussi variĂ©s que la cĂ©ramique, lâarchitecture, le travail du bois, de la laine, du mĂ©tal et de la pierre, lâinvention du verre et les moyens de transport chap. 2 ; des Ă©changes commerciaux enfin chap. 3. 6La deuxiĂšme partie offre un panorama des divers rĂ©gimes politiques quâont connus les pays du Proche-Orient ancien. Son titre Ă©voque encore une fois une Ă©volution quasi nĂ©cessaire de formes simples vers des formes complexes de hiĂ©rarchisation sociale et politique Des citĂ©s-Ătats Ă lâEmpire » et cette impression dâenchaĂźnement chronologique se trouve renforcĂ©e encore par le plan mĂȘme de la partie, qui se compose de trois chapitres Ă©tudiant successivement Les citĂ©s-Ătats », La royautĂ© » et Lâempire », puis dâun quatriĂšme intitulĂ© LâĂ©largissement de lâhorizon » et qui, sous-tendu par le concept dâimpĂ©rialisme, traite pĂȘle-mĂȘle des Ă©changes Ă longue distance, de lâexpansion coloniale, de la guerre et de la dĂ©portation, de la diplomatie, des alliances et traitĂ©s et de la quĂȘte de produits exotiques. Tout dans lâexposĂ© sâenchaĂźne ainsi logiquement avec lâidĂ©e sous-jacente que les institutions Ă©voluent irrĂ©mĂ©diablement vers lâEmpire. Pourtant, en introduction au chapitre consacrĂ© Ă ce dernier, il est convenu que lâhistoire du Proche-Orient ancien est faite dâune alternance de pĂ©riodes dâunification, le pays dans son ensemble Ă©tant soumis Ă lâautoritĂ© dâun seul dirigeant, et de pĂ©riodes dâĂ©clatement, ce mĂȘme pays Ă©tant divisĂ© en une pluralitĂ© dâĂtats » p. 155. Lâapparente linĂ©aritĂ© suggĂ©rĂ©e par le titre et le plan de la partie est finalement niĂ©e ici en quelques mots, Ă juste titre bien sĂ»r, mais de maniĂšre troublante pour un lecteur non averti. La confusion augmente encore quand on lit, quelques lignes plus bas, que les citĂ©s-Ătats du Proche-Orient sont aussi des royaumes, mĂȘme si leurs dimensions sont souvent plus modestes, et rien ne distingue un royaume dâun empire », affirmation discutable au vu de lâimportante bibliographie qui traite de ces problĂšmes. Tout cela fait de cette deuxiĂšme partie la plus faible, Ă notre avis, de lâouvrage qui souffre, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale mais ici plus quâailleurs, du choix qui a Ă©tĂ© fait dâĂ©vacuer la dimension Ă©vĂ©nementielle de lâhistoire politique en introduction, et de ne plus jamais y revenir par la suite. 7SĂ»rement eĂ»t-il Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de composer une partie autour de la notion de royautĂ© au Proche-Orient ancien, en distinguant dâune part les diffĂ©rentes formes quâelle pouvait prendre dans son exercice, en mĂ©nageant des dĂ©veloppements montrant les spĂ©cificitĂ©s et les questions que posent la citĂ©-Ătat et lâEmpire et en dĂ©crivant dâautre part, Ă diffĂ©rentes Ă©chelles, les institutions locales municipales ou tribales, nationales lâorganisation du royaume et internationales la diplomatie, bien souvent valables pour les trois rĂ©gimes distinguĂ©s ici, quoiquâavec des variantes selon les lieux et les Ă©poques. Quant aux sujets dont il est question au chapitre 4, ils ne sont Ă©videmment pas tous le fait de lâEmpire mais concernent tous les Ătats quelle que soit leur forme institutionnelle ; ceux dâentre eux relatifs Ă lâorganisation de lâĂ©conomie auraient eu leur place au sein de la premiĂšre partie ou sont dâailleurs souvent redondants avec elle ; enfin, la Vision du monde » des anciens habitants du Proche-Orient exposĂ©e pour conclure aurait pu figurer Ă plus juste titre dans la quatriĂšme partie voir ci-dessous. 8La troisiĂšme partie intitulĂ©e Vivre en sociĂ©tĂ© » dresse de maniĂšre beaucoup plus pertinente un tableau des sociĂ©tĂ©s du Proche-Orient ancien. On y trouve tout dâabord une synthĂšse Ă jour sur la famille et la maison, fondements et modĂšles des reprĂ©sentations et des structures sociales chap. 1. De longs dĂ©veloppements sont consacrĂ©s ensuite Ă lâĂ©criture, depuis son apparition sous forme pictographique jusquâĂ lâinvention de lâalphabet, en passant par les notations idĂ©ogrammatiques et phonĂ©tiques employĂ©es par lâĂ©criture cunĂ©iforme aux diffĂ©rents stades de son Ă©volution. Sont Ă©tudiĂ©s aussi la formation des scribes, la constitution et la transmission des archives et des fonds de manuscrits ou bibliothĂšques des grands organismes â le temple et le Palais â aussi bien que des simples particuliers et, enfin, les phĂ©nomĂšnes dâoralitĂ© quâil convient de ne pas sous-estimer alors mĂȘme que lâessentiel de la documentation sur laquelle se fondent les Ă©tudes sur le Proche-Orient ancien consiste justement en des sources Ă©crites chap. 2. Vient ensuite un dĂ©veloppement sur la justice et lâĂ©criture de la loi, sujet qui permet Ă son auteur de comparer rĂ©ellement les rĂ©alitĂ©s mĂ©sopotamiennes aux informations transmises par les textes bibliques et de brosser un tableau nuancĂ© des diffĂ©rentes maniĂšres de rendre la justice, une des principales missions des rois du Proche-Orient ancien, et de codifier la loi, Ćuvre des plus illustres dâentre eux chap. 3. Le quatriĂšme et dernier chapitre de cette partie dĂ©veloppe, sous le titre gĂ©nĂ©ral de Lâorganisation de la sociĂ©tĂ© », des considĂ©rations assez datĂ©es et dĂ©sormais largement contestĂ©es sur les diffĂ©rentes catĂ©gories dâhommes libres et de dĂ©pendants, serviteurs ou esclaves, et sur le salariat et les autres formes de rĂ©tribution du travail. Il revient donc sur le problĂšme, dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© dans la premiĂšre partie, de lâinteraction entre les structures Ă©conomiques et lâorganisation du travail dâune part et la hiĂ©rarchisation de la sociĂ©tĂ© dâautre part et aurait pu y ĂȘtre intĂ©grĂ©. 9La quatriĂšme partie mĂȘle histoire des sciences, histoire des arts et histoire religieuse de maniĂšre parfaitement appropriĂ©e tant il est Ă©vident que, pour les civilisations du Proche-Orient ancien, la tentative de comprĂ©hension de lâunivers par les savants, les reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ© ou des figures et Ă©vĂ©nements mythiques par les lettrĂ©s et autres artistes et la vision du monde confĂ©rĂ©e Ă chacun par la foi et la pratique religieuse ne sont que diffĂ©rentes facettes dâune mĂȘme maniĂšre de Penser le monde ». Chacun des quatre chapitres consacrĂ©s ici respectivement Ă la science, aux Ćuvres littĂ©raires, aux Ćuvres dâart et Ă la religion offre une synthĂšse utile des connaissances et des thĂšses retenues Ă ce jour dans ces diffĂ©rents domaines de la recherche. 10On pouvait attendre que cet ouvrage sâadresse Ă la fois Ă un public dâamateurs Ă©clairĂ©s et dâĂ©tudiants dĂ©couvrant le Proche-Orient ancien. Or, si les premiers ont des chances dâĂȘtre comblĂ©s par le format du livre, la richesse du texte et des illustrations et le soin apportĂ© aux cartes, les seconds en revanche risquent dâĂȘtre rebutĂ©s par le prix de lâouvrage un dĂ©faut de la qualitĂ© Ă©voquĂ©e prĂ©cĂ©demment et par son maniement peu commode comme manuel de rĂ©fĂ©rence la dispersion de lâinformation dans un plan aux titres peu explicites ou redondants, du moins pour certains des thĂšmes abordĂ©s, dĂ©routera celui qui voudra trouver rapidement une information. Ce dĂ©faut est dĂ», Ă nos yeux, au nombre peut-ĂȘtre excessif de contributeurs 38 pour 380 pages de texte ! qui a dĂ» rendre la tĂąche difficile Ă ceux qui devaient harmoniser lâensemble. On remarque Ă lâinverse que, dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les thĂšmes traitĂ©s intĂ©gralement par un mĂȘme auteur, ou par un binĂŽme unissant un spĂ©cialiste de la MĂ©sopotamie et un du Levant, gagnent en cohĂ©rence et pertinence. Enfin, lâabsence de renvois systĂ©matiques Ă la bibliographie, pourtant elle aussi trĂšs riche et complĂšte et prĂ©sentĂ©e heureusement chapitre par chapitre en fin de volume, empĂȘchera le lecteur dâaller approfondir par lui-mĂȘme un Ă©lĂ©ment de sa recherche, Ă moins de la dĂ©pouiller intĂ©gralement. Ces choix Ă©ditoriaux restreignent certainement la lisibilitĂ© et lâutilitĂ© pĂ©dagogique que lâon est en droit dâattendre dâun ouvrage gĂ©nĂ©raliste. 11Antoine JACQUET. Marie-Claire FerriĂšs, Les partisans dâAntoine. Des orphelins de CĂ©sar aux complices de ClĂ©opĂątre, Bordeaux, Ausonius Ăd., Scripta Antiqua, 2007, 565 p. 12Câest un ouvrage passionnant que nous propose FerriĂšs celui de lâhistoire des partisans dâAntoine. Pour mener Ă bien cette tĂąche, lâauteur Ă©tudie le parti dâAntoine pendant les quatorze derniĂšres annĂ©es de la RĂ©publique sous un angle peu utilisĂ©, celui des vaincus. FerriĂšs est partie du constat suivant un homme seul Ă Rome, Ă la fin de la RĂ©publique, ne dispose dâaucun rĂ©el pouvoir politique. MĂȘme sâil possĂšde des talents, il a besoin dâalliĂ©s et de partisans pour mener Ă bien ses desseins. Ce fut le cas de CĂ©sar et dâOctavien/Auguste, ce fut Ă©galement celui dâAntoine. 14Lâauteur dĂ©finit dâabord le terme de partisan. En aucun cas le partisan est un thurifĂ©raire toujours dĂ©vouĂ© Ă un chef et Ă ses idĂ©es. Les membres du parti dâAntoine sont ceux qui le servirent, qui obĂ©irent Ă ses ordres, le dĂ©fendirent et le reprĂ©sentĂšrent. Ce furent donc les agents, les subordonnĂ©s, les compagnons et alliĂ©s rassemblĂ©s autour de lui Ă un moment donnĂ©. En effet, il faut rappeler que peu dâhommes restĂšrent au service dâAntoine entre 44 et 30 parce que dans un parti romain les entrĂ©es et les sorties alternent au grĂ© des intĂ©rĂȘts des participants. 15Pour faire une telle Ă©tude, FerriĂšs a choisi un plan chronologique parce que le parti sâest construit progressivement. Les principales Ă©tapes de la guerre civile rythment lâĂ©volution de lâentourage dâAntoine. La premiĂšre partie est consacrĂ©e au noyau initial, Ă la gens Antonia, Ă la stratĂ©gie matrimoniale dâAntoine et Ă ses familiers. Avant la mort de CĂ©sar, Antoine nâĂ©tait que le chef dâun groupe de pression au sein de lâoligarchie au pouvoir. La naissance rĂ©elle du parti antonien nâapparaĂźt quâĂ la mort du dictateur deuxiĂšme partie. Antoine rĂ©ussit Ă rĂ©cupĂ©rer une fraction des CĂ©sariens qui lui permet de constituer un vĂ©ritable parti. La troisiĂšme partie est une Ă©tude des armĂ©es provinciales, vĂ©ritable enjeu dans la guerre civile opposant Antoine au jeune Octavien et au parti sĂ©natorial ou rĂ©publicain. AprĂšs la bataille de ModĂšne et la mise en place du second triumvirat, le parti connaĂźt une nouvelle impulsion et son Ă©lite est toujours formĂ©e dâanciens CĂ©sariens. GrĂące aux cadres de son parti, Antoine peut exercer une position prééminente au sein du nouveau rĂ©gime. La victoire de Philippes, en 42, constitue une nouvelle Ă©tape dans la vie du parti quatriĂšme partie. Le rapport des forces au sein du Triumvirat est bouleversĂ© par lâĂ©limination de LĂ©pide et de Sextus PompĂ©e. On passe Ă la fois Ă la bipolarisation et, aprĂšs les accords de Brindes, Ă lâorientalisation du parti dâAntoine. Le triumvir a su accueillir des RĂ©publicains aprĂšs la victoire de Philippes et connaĂźt des succĂšs en Orient. Il a toujours le soutien du SĂ©nat qui lui vote des mesures comme lâengagement de la guerre parthique. LâĂ©limination de LĂ©pide et de Sextus PompĂ©e conforte toutefois Octavien en Occident. Les derniĂšres annĂ©es du parti dâAntoine 36-30 sont traitĂ©es dans la cinquiĂšme partie. FerriĂšs, avec raison, rejette tout dĂ©terminisme et refuse de penser que la dĂ©faite Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©visible. Toutefois, lâaffrontement entre les deux triumvirs devient inĂ©vitable et apparaĂźt clairement dĂšs 34 Ă travers une propagande de plus en plus venimeuse entre les deux hommes. Lâauteur Ă©tudie Ă la fois les partisans dâAntoine proches de ClĂ©opĂątre et ceux qui lui sont hostiles. Elle analyse Ă©galement lâactivitĂ© du parti dâAntoine en Italie qui sut toujours rĂ©pondre aux attaques virulentes dâOctavien. La rupture entre les deux triumvirs trouve son origine dans le renouvellement et la durĂ©e des pouvoirs triumviraux. La question Ă©tait de savoir si le triumvirat devait ĂȘtre reconduit le 1er janvier 32 ou le 1er janvier 31 et il Ă©tait clair quâaucun des deux triumvirs nâavait lâintention de renoncer au pouvoir triumviral. Au dĂ©but de lâannĂ©e 32, les chances de succĂšs, dans le nouveau conflit qui sâannonçait, Ă©taient Ă peu prĂšs Ă©gales dans les deux camps. Pourtant, avant la bataille dâActium, un certain nombre dâAntoniens quitte leur camp et rejoint celui dâOctavien Ă cause essentiellement de la dĂ©tĂ©rioration de la situation militaire dâAntoine en Orient. Ă lâexception de MĂ©cĂšne et dâAgrippa, les lieutenants dâOctavien sont presque tous dâanciens Antoniens et, en 32-31, au moment de la rupture, le mouvement sâaccĂ©lĂšre. Antoine perd ses principaux lieutenants comme Munatius Plancus ou encore Domitius Ahenobarbus. Ces dĂ©parts eurent de lourdes consĂ©quences pour lâaffrontement final et Antoine dut confier le commandement de la flotte de la bataille dâActium Ă dâanciens PompĂ©iens. Lâauteur traite Ă la fin de la partie le sort des vaincus dâActium. Ils connurent selon les circonstances un sort variable exĂ©cution capitale, grĂące ou paiement dâune amende. Les Antoniens Ă©minents bĂ©nĂ©ficiĂšrent de la Clementia Caesaris. Le parti dâAntoine disparut Ă la mort dâAntoine, mais ses partisans subsistĂšrent. Octavien/Auguste sut Ă©viter la mise en place dâun mouvement dâopposition au Principat naissant. 16Un trĂšs important catalogue prosopographique complĂšte lâouvrage. Lâauteur y distingue les partisans assurĂ©s 143 et les incertains 39. Il comprend Ă la fois les Ă©lites dirigeantes, sĂ©nateurs ou membres de lâordre Ă©questre, mais Ă©galement les affranchis souvent recrutĂ©s au plus prĂšs de la familia. FerriĂšs rappelle aussi que ce catalogue a pour but dâĂ©clairer la nature et lâĂ©volution des liens qui unissent Antoine Ă ses partisans. 17Ce travail est dâune trĂšs grande qualitĂ© et dâune lecture agrĂ©able. Le plan chronologique permet de suivre parfaitement les alĂ©as du parti dâAntoine. La mĂ©thode de recherche est efficace et convaincante, puisque lâĂ©tude des auteurs de premiĂšre main comme CicĂ©ron, ou celle dâauteurs du IIe siĂšcle de notre Ăšre, a rendu possible le catalogue prosopographique qui nous rĂ©vĂšle un nombre non nĂ©gligeable dâAntoniens. Enfin, cette Ă©tude a bien mis en lumiĂšre les mĂ©canismes de la formation, de la vie puis de la disparition dâun parti Ă Rome, Ă lâextrĂȘme fin de la RĂ©publique. 18Annie ALLELY. En ligne Alan K. Bowman, Peter Garnsey, Averil Cameron ed., The Cambridge Ancient History, XII2 The Crisis of Empire AD 193-337, Cambridge University Press, Cambridge, 2005, XVIII-965 p., 9 cartes dont une dĂ©pliante, 12 figures dans le texte. 19Lâaventure au long cours que reprĂ©sentait la publication dâune seconde Ă©dition de la vaste synthĂšse placĂ©e sous le patronage de lâUniversitĂ© de Cambridge en 12 imposants volumes dâune histoire de lâAntiquitĂ© mĂ©diterranĂ©enne, des prolĂ©gomĂšnes Ă lâavĂšnement du christianisme au pouvoir avec Constantin, sâest achevĂ©e en 2005 par la parution du prĂ©sent livre en recension. Sâil avait fallu quinze annĂ©es pour Ă©diter les 12 premiers tomes, de 1924 Ă 1939, cette réédition correspondant de fait Ă une réécriture complĂšte dans un nouveau contexte historiographique sâest Ă©talĂ©e sur trente-cinq ans ! On doit Ă lâun des Ă©diteurs de ce nouveau volume XII, Alan Bowman, devenu depuis 2002 Camden Professor of Ancient History Ă Oxford, dâĂȘtre en outre lâun des responsables des trois tomes couvrant lâensemble de la pĂ©riode impĂ©riale [avec les tomes X2, The Augustan Empire 43 BC - AD 69, 1996, et XI2, The High Empire AD 70-192, 2000], ce qui assure une certaine unitĂ© Ă lâensemble. Dans lâintervalle, la nĂ©cessitĂ© de prolonger le champ chronologique en abordant lâAntiquitĂ© tardive de maniĂšre plus ample sâest imposĂ©e avec la mise en chantier et la publication, avant la parution du tome XII, de deux volets supplĂ©mentaires de la collection XIII, The Late Empire AD 337-425 1997 et XIV, Late Antiquity, Empire and Successors AD 425-600 2001. Aborder lâhistoire de lâEmpire romain du IIIe siĂšcle supposait de prendre en compte de nombreux renouvellements, que lâon doit tout autant Ă la dĂ©couverte de nouveaux documents quâĂ la rĂ©interprĂ©tation dâune pĂ©riode, longtemps nĂ©gligĂ©e et associĂ©e Ă la vision traditionnelle dâun dĂ©clin de lâEmpire romain, plus ou moins inĂ©luctable cf. E. Gibbon, E. Renan, M. Rostovtzeff. Câest peut-ĂȘtre la difficultĂ© de rendre compte de certains enjeux des dĂ©bats historiographiques rĂ©cents, mais Ă©galement la nĂ©cessitĂ© dâinclure les dĂ©couvertes trĂšs rĂ©centes et fondamentales, comme lâinscription dâAugsbourg qui remonte Ă aoĂ»t 1992, et renouvelle notre comprĂ©hension de cette pĂ©riode mĂ©diane du IIIe siĂšcle, les annĂ©es 259-260 en Occident on peut renvoyer au petit dossier des Cahiers du Centre Gustave-Glotz, VIII, 1997, p. 223-260, destinĂ© Ă fournir un premier Ă©tat des dĂ©bats suscitĂ©s par ce nouveau document, qui expliquent la longue pĂ©riode de gestation de ce livre dont certains chapitres furent achevĂ©s prĂšs de vingt ans avant la publication dĂ©finitive. Quoi quâil en soit, nous voici dĂ©sormais en prĂ©sence dâune nouvelle somme qui complĂšte les deux volumes de la Storia di Roma 3 LâetĂ tardoantica, parus en 1993 sous la direction dâAldo Schiavone, le premier Ă©tant consacrĂ© aux crises et transformations », le second aux lieux et cultures ». 20La prĂ©face des Ă©diteurs p. XIII-XVIII sâest chargĂ©e dâĂ©clairer les choix qui ont prĂ©sidĂ© Ă la rĂ©alisation de cette nouvelle Ă©dition. Le premier, tout Ă fait significatif, fut de rĂ©intĂ©grer dans le cadre chronologique du prĂ©sent volume la totalitĂ© du rĂšgne de Constantin au-delĂ de la mort de Licinius, en 324, date choisie par les premiers Ă©diteurs comme terminus ante quem. Dâautres choix rĂ©sultent dâun Ă©quilibre entre les trois volumes de la collection qui couvrent tout le Haut Empire. On peut noter par exemple les dĂ©veloppements sur lâĂgypte et le Christianisme qui incluent un rappel sur le IIe siĂšcle, en raison des manques volontaires au sein du volume prĂ©cĂ©dent. Il est significatif, au-delĂ de la spĂ©cialitĂ© du principal Ă©diteur, familier de papyrologie et spĂ©cialiste dâĂgypte romaine, quâun chapitre sur la Bretagne, seul de ce type dans la 1re Ă©dition, ait Ă©tĂ© remplacĂ© par un Ă©quivalent consacrĂ© cette fois Ă lâĂgypte, ce qui dâailleurs rend justice Ă lâimportance de la documentation papyrologique pour lâĂ©tablissement de la chronologie ou certaines synthĂšses sur le pouvoir impĂ©rial ou lâadministration provinciale aspects sociaux et juridiques. On retiendra des prolĂ©gomĂšnes de cette prĂ©face trois points qui mĂ©ritent notre attention. Lâimportance accordĂ©e dâune part aux peuples non romains, Germains, Sassanides, ArmĂ©niens, Arabes et peuples du dĂ©sert, qui incarnent une part non nĂ©gligeable du destin de lâEmpire romain en deçà et au-delĂ du limes. Câest Ă©galement la dĂ©cision de ne pas traiter en tant que telle dâune histoire de la littĂ©rature grecque et latine de cette pĂ©riode, ce dont on pourrait discuter sans fin, notamment en prenant le parti pris inverse de la Storia di Roma dans son deuxiĂšme volume. Câest enfin lâimportance du traitement du christianisme, lâun des chapitres les plus longs de lâouvrage lui Ă©tant consacrĂ©, une vraie monographie en soi qui aborde dâailleurs la littĂ©rature chrĂ©tienne p. 589-671. Je retiendrai Ă©galement lâimportance du traitement des sources, mĂȘme si les Ă©diteurs nâont pas souhaitĂ© imposer des normes Ă leurs auteurs. De la sorte, certains sâattardent sur la spĂ©cificitĂ© de cette pĂ©riode au regard de la constitution du savoir, ce qui semble essentiel si lâon veut bien considĂ©rer que ce type de synthĂšse sâadresse en prioritĂ© Ă des Ă©tudiants et chercheurs, et donc dĂ©passe lâhorizon de lâhonnĂȘte homme qui pourrait se satisfaire dâun rĂ©cit sans trop dâaspĂ©ritĂ©s et passant outre aux prĂ©alables de la constitution dâun corpus bien Ă©tabli de sources. Aucune unitĂ© nâa Ă©tĂ© recherchĂ©e, de maniĂšre artificielle, ce qui implique quâun certain nombre de points de vue diffĂ©rents sont perceptibles tout au long du volume, de synthĂšse en synthĂšse, par exemple en ce qui concerne lâĂ©conomie, les armĂ©es et le fonctionnement gĂ©nĂ©ral de lâEmpire. Ceci explique Ă©galement lâabsence dâune introduction et dâune conclusion au volume, qui aurait assurĂ©ment imposĂ© une telle quĂȘte un peu vaine ?. 21La matiĂšre de cette synthĂšse est donc rĂ©partie en six ensembles de longueur trĂšs variable et 19 chapitres. On sâaccordera volontiers sur lâimportance dâune partie introductive consacrĂ©e Ă lâĂ©tablissement dâun rĂ©cit chronologique suivi, fort difficile pour cette pĂ©riode troublĂ©e de lâhistoire romaine. IntitulĂ©e Narrative », cet ensemble conduit en quatre Ă©tapes de lâĂ©poque sĂ©vĂ©rienne au rĂšgne de Constantin p. 1-109 ; Brian Campbell pour la pĂ©riode sĂ©vĂ©rienne, John Drinkwater de Maximin Ă DioclĂ©tien, Alan Bowman pour la 1re tĂ©trarchie et Averil Cameron pour le rĂšgne de Constantin. On ne peut discuter a priori le choix dâun respect des cĂ©sures traditionnelles et dâune vision somme toute classique » de cette histoire. Ă y regarder de prĂšs, il apparaĂźt que ces mises au point ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es au dĂ©but de lâaventure, en tout cas avant le milieu des annĂ©es 1990. La bibliographie sâarrĂȘte effectivement Ă des titres du tout dĂ©but de cette dĂ©cennie. Comme je le relevais incidemment Ă propos de la dĂ©couverte de lâinscription dâAugsbourg, mais comme les circonstances trĂšs françaises de lâinscription dâune question de concours AgrĂ©gation et Capes portant sur le IIIe siĂšcle en 1998 et 1999 lâont mĂ©caniquement entraĂźnĂ©, de nombreuses publications ont renouvelĂ© certains aspects de lâapproche de cette histoire de lâEmpire romain. LâoriginalitĂ© du traitement de la pĂ©riode sĂ©vĂ©rienne dans une synthĂšse comme celle de Michel Christol LâEmpire romain du IIIe siĂšcle. Histoire politique 192-325 aprĂšs 1997, mĂ©ritait Ă tout le moins discussion. Une deuxiĂšme partie fort importante est consacrĂ©e au fonctionnement de cet Empire et aborde les aspects militaires, administratifs et juridiques p. 110-207, Government and Administration ». On saluera Ă ce propos les efforts dâElio Lo Cascio pour rendre compte des dĂ©bats les plus actuels en ce domaine. Le chapitre en quatre parties quâil consacre Ă lâempereur et son administration est exemplaire Ă cet Ă©gard p. 137-183. Sont inclus dans cette mĂȘme section lâarmĂ©e Brian Campbell et le droit David Ibbetson et David Johnston. En ce dernier cas, les deux chapitres trĂšs synthĂ©tiques peuvent ĂȘtre confrontĂ©s par leurs objectifs et leurs portĂ©es aux amples dĂ©veloppements de leurs Ă©quivalents dans la synthĂšse italienne en quatre Ă©tapes avec Aldo Schiavone, Joseph MĂ©lĂšze, Feliciano Serrao et Bernardo Santalucia. Une troisiĂšme partie dâĂ©gale longueur sâattache aux provinces de lâEmpire, frontiĂšres, gouvernement et synthĂšse locale avec le cas de lâĂgypte p. 212-325, The provinces » ; John Wilkes traitant des provinces et des frontiĂšres, Jean-Michel CarriĂ© se concentrant sur lâadministration provinciale et locale et Alan Bowman proposant une courte histoire Ă©gyptienne durant la pĂ©riode. Un seul auteur, Mireille Corbier, sâest attelĂ© en deux chapitres Ă une synthĂšse sur lâĂ©conomie au IIIe siĂšcle qui constitue la quatriĂšme partie du volume p. 327-439, le premier volet sâattachant aux aspects Ă©tatiques des Ă©missions monĂ©taires et des taxations, le second au fonctionnement mĂȘme de lâĂ©conomie. On ne peut toutefois sĂ©parer certains dĂ©veloppements antĂ©rieurs de la section consacrĂ©e au gouvernement provincial et aux citĂ©s dâune rĂ©flexion portant sur lâĂ©conomie, les approches de Jean-Michel CarriĂ© et de Mireille Corbier Ă©tant complĂ©mentaires et devant ĂȘtre prises en compte collectivement. Il est loisible de comparer lâapproche proposĂ©e dans cette section avec ce que Jean-Michel CarriĂ© avait lui-mĂȘme rĂ©digĂ© sur le sujet sous les titres de Ăconomie globale, Ă©conomies rĂ©gionales » et LâEmpire-monde et les bases restaurĂ©es de la puissance » dans J..M. CarriĂ©, Aline Rousselle, LâEmpire romain en mutation, 1999, p. 513-649. Je signalerai en complĂ©ment la parution dâun volume dâhommages autour de lâĆuvre numismatique de Jean-Pierre Callu portant sur lâĂ©conomie monĂ©taire au IIIe siĂšcle qui aurait Ă©tĂ© tout Ă fait utile pour complĂ©ter certains dĂ©veloppements Revue numismatique, 159, 2003. Quatre chapitres offrent des aperçus Ă©clairants sur les peuples que lâon ne nomment plus barbares » The non-Roman world », p. 440-520 ; Malcolm Todd Ă propos des Germains, Richard Frye traitant des Sassanides, C. Lightfoot de lâArmĂ©nie et Maurice Sartre, des Arabes et des peuples du dĂ©sert, que lâon aurait pu Ă©ventuellement Ă©largir aux marges mĂ©ridionales du monde romain en Afrique, en prenant les mouvements de certaines tribus au crible des recherches rĂ©centes sur certains de ces peuples cf. Yves ModĂ©ran, Les Maures et lâAfrique romaine IVe-VIIe siĂšcle, 2003, qui remonte aux prĂ©mices du IIIe siĂšcle. La derniĂšre partie, la plus longue, offre en trois chapitres de portĂ©e diffĂ©rente trois synthĂšses sur le polythĂ©isme, le christianisme et lâart et lâarchitecture Religion, culture and society », p. 521-703, Garth Fowden abordant le polythĂ©isme, Mark Edwards le christianisme de 70 Ă 192, retour en arriĂšre imposĂ© par le contenu du volume prĂ©cĂ©dent, Graeme Clarke, le christianisme durant la pĂ©riode et Janet Huskinson pour une synthĂšse sur art et architecture, en une trentaine de pages avec dix illustrations en noir et blanc. Lâaccent principal est donnĂ© dans le deuxiĂšme chapitre par le dĂ©veloppement consacrĂ© aux diffĂ©rentes persĂ©cutions et plus gĂ©nĂ©ralement aux rapports entre Ătat romain et chrĂ©tiens. Une rĂ©flexion sur Ă©thique et sociĂ©tĂ© impĂ©riale romaine au cours de la pĂ©riode aurait probablement permis dâaborder Ă nouveaux frais certaines questions Ă©voquĂ©es dans cette partie. On notera lâappendice qui complĂšte le chapitre sur les provinces avec des tableaux trĂšs prĂ©cis sur les changements du systĂšme provincial, les dĂ©placements des princes et les frontiĂšres et leur dĂ©fense John Wilkes, p. 705-767. Stemmata p. 768-771, chronologie p. 772-785, bibliographie p. 786-899 dans lâensemble Ă jour aux rĂ©serves prĂšs que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demment, qui est classĂ©e par grandes sections aprĂšs une courte liste dâouvrages frĂ©quemment citĂ©s et un index trĂšs dĂ©veloppĂ© p. 900-965 clĂŽturent ce volume et lui confĂšrent le statut incontestable dâoutil de travail et de rĂ©fĂ©rence. 22Titrer une histoire de lâEmpire romain, de lâavĂšnement de Septime SĂ©vĂšre Ă la mort de Constantin, La crise de lâEmpire », mĂ©ritait probablement un peu plus dâattention en prĂ©ambule, ou dans un chapitre proprement historiographique destinĂ© Ă rĂ©sumer le chemin parcouru entre la premiĂšre Ă©dition datant de 1938 et ce nouveau projet Ă©ditorial. Force est de constater que peu de chapitres abordent cet aspect pourtant essentiel du discours historique et de ses composantes. Ă partir des rĂ©flexions dâAndrea Giardina je citerai en dernier lieu une introduction au volume collectif La crise » de lâEmpire romain de Marc AurĂšle Ă Constantin, Quet dir., publiĂ© en 2006, rĂ©sumant ses positions sur le thĂšme de la crise » ou des crises » de lâEmpire romain et de leur rythme, ou du livre rĂ©cent de Christian Witschel Krise-Rezession-Stagnation ?, 1999, il y avait matiĂšre Ă ouvrir cette synthĂšse Ă des enjeux qui ne sont pas secondaires faire une histoire dâune pĂ©riode donnĂ©e et la publier dans les toutes premiĂšres annĂ©es dâun nouveau millĂ©naire nâest pas innocent. Seul Elio Lo Cascio se place rĂ©solument, dans sa rĂ©flexion sur le gouvernement central de lâEmpire et la figure du prince, dans cette perspective historiographique. En revanche, ĂȘtre attentif au monde non romain, aborder le christianisme avec une certaine ampleur font partie prenante des choix Ă©ditoriaux qui rĂ©vĂšlent les objectifs dâune telle gageure, proposer une synthĂšse la plus exhaustive possible, sur une pĂ©riode historique extrĂȘmement complexe et trĂšs ambiguĂ«. On peut face Ă de tels ouvrages dĂ©plorer certains manques sur la figure impĂ©riale en tant que telle, ses reprĂ©sentations, et juger leur importance Ă lâaune du renouvellement de questions essentielles. De la mĂȘme maniĂšre, proposer un rĂ©cit Ă©vĂ©nementiel est dĂ©jĂ le rĂ©sultat dâune interprĂ©tation de la pĂ©riode qui suppose une lecture qui est tout sauf objective. En ce sens, il faut prendre cette synthĂšse pour ce quâelle est, un pan de la recherche contemporaine Ă©rudite, documentĂ©e et fonctionnant avec une certaine logique interne. Il nâest pas interdit dâoffrir sur un certain nombre de sujets des alternatives, sinon sâinterroger sur la pertinence de pareilles aventures Ă©ditoriales. Ce monument est riche dâinformations et il avertit » donc dâun certain Ă©tat de la recherche historique des romanistes dans les annĂ©es 1980-1990. Il est possible de prolonger la rĂ©flexion, de proposer dâautres perspectives et dâĂ©crire une tout autre histoire. 23StĂ©phane BENOIST. Bruno DumĂ©zil, La reine Brunehaut, Paris, Fayard, 2008, 560 p. 24AprĂšs son bel ouvrage publiĂ© en 2005, Les racines chrĂ©tiennes de lâEurope. Conversion et libertĂ© dans les royaumes barbares Ve-VIIIe s., Bruno DumĂ©zil nous offre Ă nouveau un travail de grande qualitĂ© sur cette pĂ©riode qui reste pour nos contemporains un Ăąge de fer et de sang. Les rĂ©cits des temps mĂ©rovingiens ont la couleur de lâhĂ©moglobine. FrĂ©dĂ©gonde et Brunehaut, dans la mĂ©moire collective, ont portĂ© le deuil en rouge. La surenchĂšre des cruautĂ©s, câest souvent ce que lâon retient des origines au Moyen Ăge. Mais quâest-ce que le Moyen Ăge ? Le mĂ©rite de ce livre est de donner Ă rĂ©flĂ©chir sur une pĂ©riode marquĂ©e par la longue vigueur de la civilisation romaine. B. D. brosse avec pĂ©dagogie le tableau de la naissance de lâEurope barbare, dont les rois sont davantage marquĂ©s par lâhĂ©ritage de lâEmpire que par celui des tribus germaniques. Dans la seconde moitiĂ© du VIe siĂšcle, Byzance apparaĂźt encore comme une image intacte de la Rome des CĂ©sars... et nâa aucune leçon Ă recevoir en matiĂšre dâassassinat et de supplices cruels. Il faut Ă©vacuer ce faux problĂšme qui relĂšve dâune sensiblerie anachronique, pour laisser la premiĂšre place au politique. En ce domaine, Brunehaut est longtemps une virtuose, une maĂźtresse du jeu, jusquâĂ la derniĂšre partie oĂč elle perd la main. NĂ©e en 550 dans une famille aristocratique wisigothe dâEspagne du Sud, câest une femme cultivĂ©e qui lit et Ă©crit le latin, connaĂźt sa grammaire et lâart de la rhĂ©torique, a des rudiments de droit, de gĂ©ographie, de thĂ©ologie, comme il convient dans un milieu palatin. Son pĂšre Athanagild est devenu roi en 554 Ă lâissue dâune guerre civile au cours de laquelle il a eu lâimprudence de faire appel aux Byzantins ; belle occasion pour lâEmpire de sâincruster dans une pĂ©ninsule Ă reconquĂ©rir. Cela explique que les Wisigoths aient recours aux Francs, pourtant ennemis hĂ©rĂ©ditaires depuis le temps de Clovis. Son petit-fils Sigebert Ier rĂ©clame une princesse pour le prix de son alliance. En 561, il a reçu, Ă la mort de Clotaire Ier, le royaume de Thierry, quâon appelle incidemment Austrasie. Entre Reims sa premiĂšre capitale, Cologne et Mayence, avec des extensions en Thuringe, Saxe et BaviĂšre, le centre de gravitĂ© sâĂ©tablit sur la moyenne vallĂ©e du Rhin ; sây ajoutent les fruits des conquĂȘtes de la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente en Auvergne et Provence orientale. Câest donc vers des terres bien lointaines que sâachemine une adolescente de 15 ou 16 ans, Ă laquelle son Ă©poux offre Ă Metz, au printemps 566, un mariage digne des CĂ©sars », cĂ©lĂ©brĂ© par le poĂšte Venance Fortunat, dĂ©posant un Ă©pithalame de 140 vers ciselĂ©s dans la corbeille. Moins de dix ans plus tard, Brunehaut a vu sa sĆur aĂźnĂ©e, Galswinthe, devenue reine de Neustrie, victime dâun assassinat politique et patrimonial Ă la cour de ChilpĂ©ric oĂč FrĂ©dĂ©gonde tisse sa toile, et son Ă©poux Sigebert pĂ©rir en 575 sur les coups de sicaires armĂ©s de scramasaxes, dans le contexte des guerres de succession, mal endĂ©mique du monde franc. Câest lĂ que se rĂ©vĂšle le caractĂšre dâune mĂšre qui se bat pour un petit roi de 5 ans, Childebert II, mais aussi pour une certaine idĂ©e de lâĂtat. Le mĂ©rite de B. D., du rĂ©cit, clair et haletant, dâĂ©vĂ©nements compliquĂ©s, est dâanalyser les rouages dâune pensĂ©e et dâune volontĂ© politiques, chez une femme qui a dĂ» sâimposer comme vĂ©ritable chef dâun royaume. Reine-mĂšre, grand-mĂšre puis arriĂšre-grand-mĂšre, elle agit pendant plus de trente ans comme un des grands » de lâOccident chrĂ©tien. Son vĂ©ritable rival est le roi de Burgondie Gontran, son beau-frĂšre, un alliĂ© ambigu, devenu oncle Ă hĂ©ritage, qui ne doit sa survie il a rĂ©ussi lâexploit de mourir dans son lit quâĂ un subtil jeu de balance entre Neustrie et Austrasie. Le portrait qui sâen dĂ©gage dans ce livre est aussi dâun grand intĂ©rĂȘt. B. D. a scrutĂ© les sources pour dĂ©cortiquer les actes et les arriĂšre-pensĂ©es. Car il faut lire entre les lignes dâun GrĂ©goire de Tours Ă©crivant lâhistoire au sens du vent ou dâun Venance Fortunat au style ampoulĂ© et volontairement obscur. Il est courageux de sâattaquer Ă ces vers codĂ©s. Cela demande une parfaite connaissance des Ă©vĂ©nements, des personnages et des institutions, fruit de lectures nombreuses et assimilĂ©es. Outre lâhistoire des royaumes mĂ©rovingiens, cette Ă©tude Ă©claire la complexitĂ© des relations internationales Ă une Ă©poque oĂč les Lombards envahissant lâItalie, redessinent la gĂ©opolitique. Câest la toile de fond des manĆuvres byzantines, qui tantĂŽt suscitent un prĂ©tendu fils inconnu de Clotaire Ier, Gundovald, tantĂŽt gardent en otages Ingonde et Athanagild, fille et petit-fils de Brunehaut, aprĂšs lâĂ©chec de leur mari et pĂšre HermĂ©negild dans la conquĂȘte du trĂŽne wisigoth. Il sâagit de faire pression sur les Francs pour quâils attaquent les Lombards. Mais quâont-ils Ă gagner dans des aventures italiennes pour une idĂ©e dâEmpire ? Ne plus agir en fonction de lâEmpire, câĂ©tait, intellectuellement parlant, le seuil du Moyen Ăge ». Par ailleurs, Brunehaut se trouve ĂȘtre contemporaine de GrĂ©goire le Grand, dont on connaĂźt le rĂŽle majeur, tant pour la rĂ©forme de lâĂglise que le dĂ©veloppement de la mission, notamment en Angleterre. Lâintervention de la reine dans les affaires ecclĂ©siastiques Ă un moment oĂč lâautoritĂ© de Rome se fait plus pressante, ne va pas sans conflits Ă©vĂȘques mis au pas et interdits de conciles gĂ©nĂ©raux, relations difficiles avec le monachisme colombanien. Saint Colomban devait ĂȘtre insupportable, câest le dĂ©faut des prophĂštes, mais ses amis ont Ă©crit lâhistoire, ce qui est lourd Ă traĂźner dans la postĂ©ritĂ©. B. D. analyse ces sources hagiographiques biaisĂ©es et restitue Ă Brunehaut tant un appui aux missionnaires insulaires â et par lĂ son rĂŽle dans la construction de lâOccident chrĂ©tien â que lâexpression dâune piĂ©tĂ© gĂ©nĂ©reuse Ă Autun et Ă Auxerre, oĂč elle devait reposer, sous la protection de saint Germain. Cela lui fut refusĂ© par lâincinĂ©ration de son cadavre mutilĂ©. 25La mise en scĂšne de son supplice, la sauvagerie codifiĂ©e dâun rituel dâhumiliation inversant les rapports Ă la bĂȘte succĂšdent Ă deux gĂ©nĂ©rations de complots et de trahisons. Tout au long du livre ce ne sont que manĆuvres et calculs de Grands retors, achats de fidĂ©litĂ©s, pardons hypocrites, suicides arrangĂ©s, Ă©liminations sommaires ou parĂ©es dâoripeaux judiciaires. Les ducs Loup ou Gontran-Boson, lâĂ©vĂȘque de Reims Egidius, le comte Gogo, le maire du palais Warnachaire, PĂ©pin de Landen et Arnoul prĂ©parant une irrĂ©sistible ascension, et tant dâautres, apparaissent terriblement Ă©loignĂ©s du bien commun. Ă la suite de Venance Fortunat qui cĂ©lĂšbre en Brunehaut la plus romaine des souveraines barbares, B. D. la campe en femme cultivĂ©e qui tente de prĂ©server lâautoritĂ© de lâĂtat, une grande diplomatie mĂ©diterranĂ©enne, le principe dâun impĂŽt Ă©quitable, le fonctionnariat antique, lâuniversalitĂ© du droit Ă©crit et les beautĂ©s de la littĂ©rature classique, qui jette ses derniers feux. Mais câest dĂ©jĂ en partie un rĂȘve et cette veuve Ă©trangĂšre doit sâadapter, pour survivre, Ă un environnement mouvant, avec souplesse et pragmatisme, sans considĂ©ration pour les sentiments, mĂȘme familiaux. Cet animal politique se dĂ©place avec une agilitĂ© fĂ©line au milieu des drames qui finissent par la rattraper. Clotaire II joue contre elle la carte aristocratique, celle des forces rĂ©gionalistes, qui lâemportent pour longtemps La plupart de ses initiatives contribuĂšrent Ă lâĂ©mergence de la chrĂ©tientĂ© mĂ©diĂ©vale », conclut B. D. ; Ă son corps dĂ©fendant parfois, faudrait-il ajouter. Câest Ă lâenfantement du Moyen Ăge, dans la douleur, que nous assistons tout au long de la lecture de ce livre, avec lâĂ©mergence dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration, tellement Ă©trangĂšre Ă celle des petits-fils de Clovis, qui se faisait cĂ©lĂ©brer comme un auguste. AprĂšs des considĂ©rations sur la survie lĂ©gendaire qui nous emmĂšne jusquâĂ la Brunehilde wagnĂ©rienne, B. D. nous offre, outre les cartes et gĂ©nĂ©alogies indispensables, dâutiles piĂšces justificatives, en latin et en français, les lettres diplomatiques de Brunehaut dâaprĂšs les registres austrasiens, celles de GrĂ©goire le Grand Ă la reine et la correspondance diplomatique de Bulgar, comte de Septimanie, trop mĂ©connue. Lâauteur a le souci constant dâassocier le lecteur Ă sa rĂ©flexion en exposant les matĂ©riaux, fragmentaires, dont dispose lâhistorien ; ce qui pourra nourrir certaines discussions. Ajoutons enfin la maĂźtrise dâun style alerte, avec le sens de la formule qui fait mouche, jusquâaux limites dâune rĂ©jouissante impertinence. Avec la Gogo connection » et Gundovald dĂ©peint en tonton flingueur », Fayard rime avec Audiard. 26Patrick DEMOUY. VĂ©ronique Gazeau, Monique Goullet, Guillaume de Volpiano, un rĂ©formateur en son temps 962-1031. Vita domni Willelmi de Raoul Glaber. Texte, traduction et commentaire, Caen, Publications du CRAHM, 2008, 138 p. 27VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet ont fait Ćuvre particuliĂšrement utile en publiant la Vita Willelmi, Ćuvre de Raoul le Glabre rĂ©digĂ©e aprĂšs 1028. LâaccĂšs au texte, disponible depuis le XVIIe siĂšcle, en est facilitĂ©. Une copie manuscrite conservĂ©e Ă Copenhague et trois Ă©ditions en donnaient le contenu, en sâappuyant sur un manuscrit de Saint-BĂ©nigne de Dijon, aujourdâhui disparu. Neithard Bulst Ă©dita en 1974 une Vita copiĂ©e sur un manuscrit du monastĂšre de FĂ©camp et conservĂ© Ă la BibliothĂšque nationale Rodulfus Glabers Vita domni Willelmi abbatis. Neue Edition nach eine Handschrift des 11. Jahrhunderts Paris, BnF, lat. 5390 », Deutsches Archiv, 30-2, 1974, p. 455-462. Le rĂ©cit, Ă©crit par une main du troisiĂšme quart du XIe siĂšcle, câest-Ă -dire une trentaine dâannĂ©e au plus aprĂšs sa conception, Ă©tait restĂ© longtemps inaperçu dans un recueil factice qui contient principalement la LĂ©gende dorĂ©e de Jacques de Voragine fol. 1-221 et deux autres textes rĂ©digĂ©s Ă la fin du XIe siĂšcle fol. 230 vo - 235 vo. 28Loin de se contenter dâune simple reprise des travaux de Neithard Bulst, les deux auteurs se sont saisies du dossier et ont Ă©ditĂ© le texte directement dâaprĂšs le manuscrit de FĂ©camp, dâoĂč lâapparition de quelques divergences avec la version de 1974. Outre la transcription, elles ont tenu Ă donner une prĂ©sentation littĂ©raire de la Vita insistant sur le mĂ©lange entre rĂ©cit biographique et discours hagiographique, sans quâil y ait hiatus entre les deux p. 3-16. Elles apportent Ă©galement des Ă©claircissements sur la transmission du texte, unique tĂ©moin mĂ©diĂ©val de la Vie de Guillaume p. 17-24. Elles livrent enfin un commentaire historique de lâhagiographie p. 81-122. Il faut signaler une nouveautĂ© de taille par rapport Ă lâĂ©dition de 1974 la prĂ©sence dâune traduction du texte latin en français qui rend lâensemble accessible aux Ă©tudiants. 29Dans la prĂ©sentation littĂ©raire, VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet se sont intĂ©ressĂ©es Ă la personne de lâhagiographe. Raoul, auteur de deux Ćuvres capitales pour la connaissance de cette pĂ©riode Ă savoir les Histoires et la Vita, souffre dâune mauvaise rĂ©putation. NĂ© en 980 ou 985, ce moine mĂšne une existence gyrovague passant de monastĂšre en monastĂšre Ă cause de son caractĂšre exĂ©crable. Sa vie est nĂ©anmoins marquĂ©e par la rencontre avec lâabbĂ© Guillaume de Volpiano Ă Saint-BĂ©nigne de Dijon. Ayant quittĂ© ce monastĂšre pour Cluny, Raoul meurt Ă Saint-Germain dâAuxerre en 1047. Les circonstances de la rĂ©daction de la Vita sont obscures et peut-ĂȘtre liĂ©es Ă lâapparition de Guillaume Ă lâauteur chap. 13, mais Raoul se sent investi dâun devoir de mĂ©moire Ă lâĂ©gard dâun homme quâil admire. Pour lui, Guillaume possĂšde toutes les vertus qui font les saints et sa fama sanctitatis ne cesse de sâĂ©tendre, dâoĂč la nĂ©cessitĂ© de lui consacrer une hagiographie. En 14 chapitres, prĂ©cĂ©dĂ©s dâun prologue dans lequel il dĂ©die son livre aux abbĂ©s et aux moines que Guillaume a aimĂ©s, Raoul raconte la vie et les miracles de son hĂ©ros Synopsis de la Vita Willelmi, p. 29-31 ; Vita Willelmi, transcription et traduction, p. 32-79. 30Ă travers les informations disponibles dans la Vita, les deux historiennes se sont ensuite penchĂ©es sur lâexistence de Guillaume de Volpiano et son contexte politique et religieux. Sa naissance en 962 pendant le siĂšge de la forteresse du lac dâOrta prĂšs de Novare, apparaĂźt dĂ©jĂ comme un Ă©vĂ©nement. Otton Ier affrontait alors BĂ©renger II, marquis dâIvrĂ©e et chef de file de la haute aristocratie laĂŻque italienne Ă laquelle appartiennent les parents de Guillaume. Lâempereur triomphe et devient le parrain du nouveau-nĂ©, signe de rĂ©conciliation des factions rivales. Si, pour Raoul, Guillaume est dâabord un saint qui multiplie les miracles, pour VĂ©ronique Gazeau et Monique Goullet, câest surtout un rĂ©formateur infatigable. AprĂšs avoir Ă©tĂ© offert comme oblat Ă Lucedio dans le diocĂšse de Verceil en 969, il poursuit une carriĂšre brillante et rapide. Il entre Ă Cluny en 987 sous la direction de Mayeul avant de partir rĂ©former de nombreux monastĂšres Ă la demande de lâabbĂ© de Cluny, des Ă©vĂȘques ou des princes Saint-Saturnin sur le RhĂŽne, puis en Bourgogne, Saint-BĂ©nigne de Dijon, Saint-Vivant de Vergy et Saint-Pierre de BĂšze ; en Normandie, FĂ©camp avant 1001 Ă la demande du duc Richard II ; en Lorraine, Saint-Arnoul de Metz, Saint-Ăvre de Toul et Gorze. Il profite dâun voyage Ă Rome pour fonder le monastĂšre de Fruttuaria sur un domaine paternel au dĂ©but du XIe siĂšcle. Il se retrouva donc Ă la tĂȘte dâune quarantaine de monastĂšres bĂ©nĂ©dictins, dont le noyau se situait en Bourgogne, mais dont le rĂ©seau sâĂ©tendait jusquâen Normandie et dans le PiĂ©mont. 31Ainsi, ce livre fournit des indications prĂ©cieuses sur la deuxiĂšme rĂ©forme monastique du Xe siĂšcle. 32MarlĂšne HĂ©LIAS-BARON. Sylvain Gouguenheim, Les chevaliers teutoniques, Paris, Tallandier, 2007, 775 p. 33En rĂ©digeant cet ouvrage, lâun des objectifs de lâauteur Ă©tait de rĂ©aliser la premiĂšre vaste synthĂšse en français sur lâhistoire de lâordre teutonique, ordre religieux-militaire moins connu dans lâhistoriographie française que ceux du Temple et de lâHĂŽpital. Il structure son Ă©tude autour de quatre thĂšmes tout en respectant la chronologie de lâhistoire de lâinstitution, bien quâune seule de ses parties ait un titre indiquant cet aspect La conquĂȘte de la Prusse. » Les autres parties de lâouvrage mettent en lumiĂšre les diffĂ©rentes dimensions prises par lâordre au fur et Ă mesure de son Ă©volution Un ordre militaire », Un souverain » et Une grande puissance europĂ©enne ». 34Dans le premier thĂšme abordĂ©, aprĂšs avoir fait le point sur les circonstances de la fondation de lâordre teutonique Ă la fin du XIIe siĂšcle, sur ses premiers faits dâarmes en Orient et sur son implantation aux confins de la Hongrie, lâauteur sâinterroge sur ce qui est inhĂ©rent Ă lâexistence de cet ordre religieux-militaire, Ă savoir le respect dâune rĂšgle rĂ©gissant les aspects matĂ©riels et spirituels de la vie conventuelle des frĂšres ; le recrutement de combattants et de clercs, Allemands, pour la plupart ; les fonctions hospitaliĂšres et militaires de lâordre ; la rĂ©partition des tĂąches ainsi que le rĂŽle de la hiĂ©rarchie Ă la tĂȘte de cette institution, dans les provinces, les bailliages et les commanderies, sâinspirant des structures administratives du Temple. Il est Ă©galement question du lien Ă©troit qui unit lâordre Ă la papautĂ© dont il relĂšve, tout comme le Temple et lâHĂŽpital. Lâaccent est mis sur lâimportance des droits accordĂ©s aux teutoniques dans les privilĂšges pontificaux, assurant essentiellement leur indĂ©pendance vis-Ă -vis des Ă©vĂȘques diocĂ©sains et leur permettant dâobtenir la protection du pape, lâexemption ainsi que la libertĂ© de crĂ©er des Ă©glises, des villages et des cimetiĂšres dans les lieux qui leur Ă©taient concĂ©dĂ©s ; les papes les plus gĂ©nĂ©reux Ă leur Ă©gard furent Honorius III avec 116 privilĂšges, GrĂ©goire IX 59 privilĂšges et Innocent IV 67 privilĂšges. Lâaction du grand maĂźtre Hermann de Salza, puis de procureurs gĂ©nĂ©raux », en faveur des intĂ©rĂȘts de lâordre auprĂšs de plusieurs papes est soulignĂ©e. Un autre aspect intrinsĂšque Ă lâordre est sa dĂ©votion Ă la Sainte Vierge et les diffĂ©rentes formes quâelle pouvait revĂȘtir. Lâauteur Ă©tend son propos Ă la dimension culturelle de lâinstitution et Ă©voque les poĂšmes bibliques ou les ouvrages rĂ©alisĂ©s au sein de lâordre ou Ă son intention comme la Chronique de la terre de Prusse de Pierre de Dusbourg ainsi que les bibliothĂšques, parfois riches, qui lui appartenaient. 35Dans son Ă©tude de la conquĂȘte de la Prusse par lâordre teutonique, S. Gouguenheim montre bien la volontĂ© dâimplication de la papautĂ© dans lâĂ©vangĂ©lisation de cette rĂ©gion, en particulier Ă travers la mission du premier Ă©vĂȘque qui y fut nommĂ©, Christian, en 1215, puis Ă travers lâaction des teutoniques et celle des Dominicains. La christianisation des populations de langue balte, dĂ©signĂ©es sous le nom latin de Pruteni PrutĂšnes, sâavĂ©ra difficile et nĂ©cessita le recours aux armes ; il y eut Ă©galement plusieurs vagues dâapostasie chez les nouveaux convertis au XIIIe siĂšcle. Câest dans ce cadre que les teutoniques durent mener une guerre de conquĂȘte sans risquer de mettre en pĂ©ril la conversion des populations locales par une attitude trop dure, conformĂ©ment aux consignes laissĂ©es par la papautĂ©. Le 3 aoĂ»t 1234, un privilĂšge la bulle de Rieti de GrĂ©goire IX plaça la Prusse sous la juridiction pontificale et la remit au pouvoir de lâordre. La bulle de Rimini Ă©mise par lâempereur FrĂ©dĂ©ric II complĂ©ta les dĂ©cisions pontificales de Rieti en faveur des teutoniques. Cependant, leur opposition avec les PrutĂšnes dĂ©gĂ©nĂ©ra en guerre ouverte en 1242, laquelle dura jusquâen 1249, avant une autre vague de rĂ©voltes entre 1260 et 1283. DĂšs les dĂ©buts de la conquĂȘte, plusieurs princes allemands, polonais et tchĂšques vinrent soutenir militairement lâordre, obtenant parfois les mĂȘmes indulgences que les croisĂ©s de Terre sainte. En 1254, le roi de BohĂȘme Ottokar II arriva en Prusse Ă la tĂȘte dâune armĂ©e de 60 000 combattants. En 1245, Innocent IV demanda Ă lâensemble des prĂ©lats de la chrĂ©tientĂ© de prĂȘcher en mĂȘme temps pour la Terre sainte et la Prusse. 36Selon lâauteur, lâordre apparut comme un souverain Ă partir du moment oĂč il devint le seul maĂźtre de Prusse, câest-Ă -dire lorsque lâĂ©piscopat prussien se soumit Ă lui. DĂšs lors, il crĂ©a des diocĂšses, perçut la dĂźme et accapara tous les droits ; les ordres de Dobrin et des Porte-Glaive fusionnĂšrent respectivement avec lui en 1235 et 1237. Lâinstallation du grand maĂźtre en Prusse en 1309 reprĂ©senta un autre tournant ; il choisit la forteresse de Marienbourg comme rĂ©sidence, se transforma en prince territorial et organisa le contrĂŽle de lâordre et du pays par des visites. Lâespace fut quadrillĂ©, maĂźtrisĂ© et mis en valeur par une politique volontariste de colonisation planifiĂ©e, la rĂ©gion connut un essor commercial dans la seconde moitiĂ© du XIIIe siĂšcle dans le sillage de la Hanse ; une administration, un rĂ©seau postal et une chancellerie se dĂ©veloppĂšrent. Lâordre fonda des villes comme Thorn en 1231, Culm en 1232/1233 ou Marienwerder en 1233. 37Dans la derniĂšre partie de son ouvrage, lâauteur sâintĂ©resse Ă lâordre en tant que puissance europĂ©enne, en particulier dans ses relations avec ses voisins essentiellement la Lituanie et la Pologne et dans les guerres qui les opposĂšrent Ă eux dĂšs les annĂ©es 1240, tout en dĂ©montrant que cet antagonisme, surtout avec la Pologne, ne fut pas constant. Câest cependant contre ce pays, aidĂ© des forces lituaniennes, que lâordre perdit la bataille dĂ©cisive de Tannenberg le 15 juillet 1410. Dâautres affrontements avec les Ă©tats de Prusse, soutenus par la Pologne, aboutirent Ă la seconde paix de Thorn en 1466. Ce traitĂ© mit fin Ă lâĂtat de lâordre teutonique, dont la partie occidentale fut rĂ©unie Ă la Pologne, tandis que le maĂźtre dut exercer son autoritĂ© dans la partie orientale, devenue duchĂ© de Prusse et fief de la couronne de Pologne. Les relations avec la papautĂ© et lâEmpire sont abordĂ©es dans toute leur complexitĂ© et surtout toute leur ambiguĂŻtĂ©. Les papes comme les empereurs se sont longtemps posĂ©s en protecteurs des teutoniques, mais la volontĂ© de ces derniers de prĂ©server leur indĂ©pendance les a amenĂ©s Ă rechercher alternativement lâappui de lâun ou de lâautre. Le manque de respect des droits des convertis par certains maĂźtres causa des dĂ©saccords profonds avec la papautĂ© ; par ailleurs, certains litiges avec la Pologne furent soumis Ă la justice pontificale. De leur cĂŽtĂ©, les empereurs germaniques, trĂšs impliquĂ©s dans la vie de lâordre sous FrĂ©dĂ©ric II, sâen dĂ©sintĂ©ressĂšrent progressivement. Le dĂ©clin de lâordre se fit sentir Ă partir du XVe siĂšcle ; les assemblĂ©es rĂ©unissant les Ă©tats voulurent partager son pouvoir, rejetant sa politique et les augmentations dâimpĂŽts et, en 1440, une Union » Bund fut créée par des nobles prussiens pour se porter une assistance juridique mutuelle contre lâordre. Lâauteur Ă©voque Ă©galement le destin des autres territoires des teutoniques, ceux de Livonie, de lâEmpire et les quelque 230 hectares du royaume de France avant de sâintĂ©resser, dans son dernier chapitre, Ă la survie » de lâordre, avec la conversion du grand maĂźtre au protestantisme en 1525, et Ă sa postĂ©ritĂ© », Ă travers les mythes positifs ou nĂ©gatifs dont il fut lâobjet entre la fin du XVIIIe et le milieu du XXe siĂšcle. Cet ouvrage soulĂšve de nombreux problĂšmes liĂ©s Ă lâhistoire atypique de cet ordre religieux-militaire et y apporte des rĂ©ponses en analysant lâensemble des paramĂštres connus ; trĂšs complet sur lâhistoire europĂ©enne des teutoniques, il nous aurait semblĂ© intĂ©ressant quâil le soit tout autant concernant leurs provinces orientales, pour certaines acquises dĂšs les premiĂšres dĂ©cennies du XIIIe siĂšcle. 38Marie-Anna CHEVALIER. En ligne Aude Mairey, Une Angleterre entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©. LittĂ©rature et sociĂ©tĂ© dans lâAngleterre du XIVe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 476 p. Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale », 93. 39Cette Ă©tude dâAude Mairey, issue de la thĂšse quâelle avait prĂ©parĂ©e sous la direction de Jean-Philippe Genet et soutenue en 2002, est un travail dense et foisonnant consacrĂ© Ă lâinteraction complexe entre production littĂ©raire et transformations sociales au cours du XIVe siĂšcle anglais. Il sâagit dâune Ă©poque marquĂ©e Ă la fois par les progrĂšs de la literacy, par le rĂŽle croissant des laĂŻcs notamment de la gentry et par un profond renouvellement de la littĂ©rature anglaise, baptisĂ© outre-Manche alliterative revival, dont le couronnement est sans conteste le Piers Plowman de William Langland, dont Aude Mairey avait dâailleurs prĂ©cĂ©demment publiĂ© une trĂšs utile traduction française de la version B William Langland, Pierre le Laboureur, Paris, Publications de la Sorbonne, Textes et documents dâhistoire mĂ©diĂ©vale », 3, 1999, 272 p. et qui occupe ici la place centrale quâil mĂ©rite. 40LâintĂ©rĂȘt de ce travail rĂ©side dâabord dans le choix du corpus Ă©tudiĂ©, encore bien souvent mĂ©connu en France, malgrĂ© le rĂŽle essentiel que certains des textes qui le composent ont jouĂ© dans lâĂ©mergence de la littĂ©rature anglaise, dâoĂč lâabondance des Ă©tudes anglo-saxonnes qui leur ont Ă©tĂ© consacrĂ©es. Ă lâexception du Piers Plouwman de Langland, les textes retenus, de longueur trĂšs variable, sont tous anonymes Song of the Husbandman, Satire on the Consistory Court, Satire on the Retinues, The Death of Edward I, The Simonie, Wynnere and Wastoure, The Death of Edward III, Pierce the Plowmanâs Crede, Richard the Redeless, Mum and the Sothsegger et The Crowned Kyng. En dĂ©pit de leurs diffĂ©rences, ces 12 textes prĂ©sentĂ©s de façon dĂ©taillĂ©e en annexe, p. 421-441 constituent en effet un corpus dont la cohĂ©rence est rĂ©elle, Ă la fois sur le plan formel, par lâusage de la technique allitĂ©rative, et sur le plan thĂ©matique, par lâattention aiguĂ« quâils portent Ă la sociĂ©tĂ© de leur temps. MalgrĂ© la diversitĂ© des genres littĂ©raires » auxquels on peut les rattacher, tous appartiennent, Ă un degrĂ© ou Ă un autre, Ă la littĂ©rature de protestation sociale, en un siĂšcle qui voit prĂ©cisĂ©ment une autonomisation croissante du champ littĂ©raire, en particulier face au champ de la production religieuse. 41Son originalitĂ© tient aussi Ă la dĂ©marche adoptĂ©e, qui choisit rĂ©solument de mettre Ă profit les diverses potentialitĂ©s statistiques quâoffrent diffĂ©rents logiciels informatiques, en combinant la lexicologie quantitative et, pour 6 des 12 textes, lâanalyse factorielle par correspondance. La prĂ©sentation de cette derniĂšre approche manque toutefois de clartĂ© pour le lecteur qui nâest pas familier des mĂ©thodes appliquĂ©es peut-ĂȘtre en raison de lâabsence du corps du livre dâune partie des annexes, consultables cependant sur le site du LAMOP â tout comme une trĂšs riche base de donnĂ©es bibliographiques sur lâAngleterre mĂ©diĂ©vale, rĂ©guliĂšrement mise Ă jour et aurait mĂ©ritĂ© des explications plus claires que celles fournies Ă la fin de lâintroduction p. 21-29. Il est dâailleurs Ă noter que ce recours Ă lâinformatique ne se substitue pas Ă une plus classique analyse textuelle, dâailleurs minutieuse et qui sâappuie tout au long du livre â ce qui nâest pas si frĂ©quent dans les ouvrages historiques â sur dâabondantes et longues citations bilingues qui permettent dâapprĂ©cier pleinement les textes originaux. 42AprĂšs avoir, dans une premiĂšre partie, replacĂ© les poĂšmes dans leur contexte, en soulignant notamment lâenjeu que reprĂ©sentait le choix de lâanglais Ă une Ă©poque oĂč il sâaffirmait de plus en plus comme langue littĂ©raire face au latin et Ă lâanglo-normand, et sâĂȘtre efforcĂ© de cerner aussi prĂ©cisĂ©ment que possible leur audience beaucoup plus large pour Piers Plouwman que pour les autres, lâauteur aborde successivement dans les quatre parties suivantes les thĂšmes prĂ©dominants des Ćuvres analysĂ©es la perception du fonctionnement de la sociĂ©tĂ© et du gouvernement, la critique de lâinstitution ecclĂ©siastique, le rĂŽle de la connaissance et les moyens de sa transmission, enfin les voies du salut individuel et collectif. 43Dans tous ces domaines, les critiques formulĂ©es Ă lâĂ©gard des Ă©lites laĂŻques ou religieuses et de leurs pratiques, plus ou moins vĂ©hĂ©mentes selon les poĂšmes, traduisent la profonde implication de leurs auteurs â qui semblent insĂ©rĂ©s dans des rĂ©seaux qui participent dâune maniĂšre ou dâune autre au gouvernement, mĂȘme sâils nâont pas de lien direct avec le pouvoir royal â dans les dĂ©bats qui animent alors la sociĂ©tĂ© politique anglaise par exemple la dĂ©nonciation du rĂŽle des retenues nobiliaires, de la corruption du systĂšme judiciaire ou des abus de biens ecclĂ©siastiques. Câest ce que rĂ©vĂšlent les frĂ©quentes confrontations avec des textes contemporains dâautre nature statuts, pĂ©titions en parlement, sermons, chroniques. MalgrĂ© une attitude parfois ambiguĂ«, par exemple vis-Ă -vis du travail ou de lâargent, ou encore Ă lâĂ©gard du soulĂšvement populaire de 1381 ou de lâhĂ©tĂ©rodoxie, tous ces poĂšmes traduisent une aspiration Ă de profondes rĂ©formes pour rĂ©tablir la nĂ©cessaire cohĂ©sion de la communautĂ© chrĂ©tienne. MĂȘme sâils ne procĂšdent pas Ă une remise en cause systĂ©matique de la sociĂ©tĂ© existante et du discours des Ă©lites, mĂȘme si peu dâentre eux finalement cĂšdent Ă la tentation du discours radical de lâhĂ©rĂ©sie lollarde, tous se montrent en revanche exigeants sur la responsabilitĂ© Ă©thique des individus, en particulier des laĂŻcs, au sein de la sociĂ©tĂ©. Ainsi, en faisant part de leurs interrogations plutĂŽt quâen cherchant Ă imposer des normes, les auteurs de ces textes provoquent leurs lecteurs Ă la rĂ©flexion et confĂšrent au texte littĂ©raire un rĂŽle Ă part entiĂšre dans un systĂšme de communication en pleine Ă©volution. 44Finalement, lâintĂ©rĂȘt de cet ouvrage est de souligner ce que peut apporter lâutilisation de lâoutil informatique Ă lâĂ©tude, dans une perspective historique, de textes littĂ©raires mĂ©diĂ©vaux Ă©crits en langue vernaculaire, malgrĂ© les nombreux obstacles auxquels se heurte encore sa mise en Ćuvre voir p. 22 et les indispensables prĂ©cautions quâelle nĂ©cessite. Elle permet en effet de mettre plus nettement en Ă©vidence des tendances qui nâĂ©taient parfois que pressenties Ă la lecture des textes » et de conforter les analyses textuelles » p. 415. Plus largement, il invite Ă apprĂ©hender dâune maniĂšre renouvelĂ©e, et plus dynamique, les relations entre littĂ©rature et sociĂ©tĂ©, en montrant de maniĂšre convaincante que ces poĂšmes allitĂ©ratifs de lâAngleterre du XIVe siĂšcle â mais lâaffirmation vaut certainement pour dâautres types de littĂ©rature et dâautres pĂ©riodes â reflĂštent ... autant les interrogations que les assurances dâune sociĂ©tĂ© et tentent, de plus en plus au cours de la pĂ©riode envisagĂ©e, de formuler des rĂ©ponses cohĂ©rentes et parfois originales aux inquiĂ©tudes gĂ©nĂ©rĂ©es par les transformations en cours » p. 416. 45Olivier DE LABORDERIE. Tuomas M. S. Lehtonen, Ălisabeth Mornet, Les Ă©lites nordiques et lâEurope occidentale XIIe-XVe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, 316 p. Histoire ancienne et mĂ©diĂ©vale », 94. 46Les racines chrĂ©tiennes de lâEurope suscitent bien des dĂ©bats et mĂȘme une exposition au MusĂ©e national du Moyen Ăge que les actes du colloque organisĂ© par T. Lehtonen et Ă. Mornet en juin 2005 enrichissent de façon substantielle la christianisation a-t-elle Ă©tĂ© un facteur de modĂ©lisation europĂ©enne dans les pays nordiques ? Plus largement, ces territoires ont-ils connu, dans le processus de construction de leurs Ătats, un phĂ©nomĂšne dâacculturation europĂ©enne ? Quel rĂŽle ont jouĂ© leurs Ă©lites dans cette interface ? 47Ce volume dâactes apparaĂźt Ă plus dâun titre remarquable toutes les contributions dĂ©volues Ă Ă©galitĂ© entre chercheurs nordiques et chercheurs français sâarticulent de façon cohĂ©rente autour dâun fil rouge clairement exposĂ© par les organisateurs et repris en conclusion. Lâouvrage se lit avec plaisir comme une partition Ă plusieurs voix. La prĂ©sentation formelle, de plus, relĂšve dâune qualitĂ© pĂ©dagogique suffisamment rare pour ĂȘtre relevĂ©e aux communications bien lissĂ©es y compris celles en anglais succĂšdent des rĂ©sumĂ©s permettant de saisir rapidement lâobjectif de lâensemble et surtout deux indices des personnes et des matiĂšres, avec entrĂ©es en français, en anglais et en langues nordiques. Un seul regret lâabsence de carte oblige le lecteur peu familier de ces contrĂ©es Ă ouvrir son atlas ! 48Si la problĂ©matique des Ă©lites majores, potentes, meliores... dans le processus dâaccaparement des ressources capital » qui leur confĂšrent un rĂŽle Ă©minent dans la genĂšse de lâĂtat moderne, est bien labourĂ©e dans le champ historiographique de la vieille » Europe, elle ne lâĂ©tait pas encore pour les pays nordiques au Moyen Ăge, câest-Ă -dire du XIIe siĂšcle aux annĂ©es de la RĂ©forme 1520-1530. Au dĂ©part du colloque, une constatation La christianisation, lâĂ©tablissement des monarchies et la fin des expĂ©ditions vikings ont Ă©tĂ© des processus simultanĂ©s. » AprĂšs la pĂ©riode prĂ©-historique des Vikings, vers 1100, les royaumes de Danemark, NorvĂšge et SuĂšde, bien identifiĂ©s, maĂźtrisant la literacy aprĂšs les Ă©critures runiques, entretiennent des relations complexes avec lâEurope dont ils font indĂ©niablement partie. En revanche, les peuples slaves, baltes et finno-ougriens adoptent lâĂ©criture plus tardivement sur les ailes de la christianisation et de lâintensification de la circulation entre la mer Baltique et les fleuves russes. Toutes les sources, sagas, lois, donations en faveur de lâĂglise, etc., sont mobilisĂ©es car parcimonieuses, critiquĂ©es et contextualisĂ©es dans leur genĂšse par les diffĂ©rents auteurs. Avec lâĂ©mergence dâun pouvoir fondĂ© sur le droit et exercĂ© dans le cadre dâinstitutions, câest tout le problĂšme de lâeuropĂ©anisation de la sociĂ©tĂ© qui est en jeu avec un nuancier contrastĂ© selon les royaumes. Lâadaptation complĂšte en SuĂšde du modĂšle europĂ©en â ressources monopolisĂ©es par les Ă©lites de chevaliers, de clercs et de bourgeois Olle Ferm â se distingue nettement, mais Ă une Ă©poque antĂ©rieure, de lâacculturation partielle et choisie des Ă©lites norroises en Irlande Olivier Viron. La large dĂ©finition des Ă©lites, adoptĂ©e par tous les auteurs, petit groupe dâindividus qui se distingue de la majoritĂ© et occupe le premier rang face Ă elle pour des raisons diverses », les amĂšne Ă aborder la question du rĂŽle des Ă©lites dans le processus dâĂ©tatisation selon la rĂ©partition des rĂŽles sociaux et leur rĂ©tribution. Ils replacent soigneusement leurs Ă©tudes dans les grands courants historiographiques qui ont jalonnĂ© lâhistoire nordique. AprĂšs le libĂ©ralisme qui voit comme explication Ă lâapparition dâun gouvernement royal, lâexpression de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, et le marxisme qui pointe lâaccaparement des terres par les plus grands propriĂ©taires fonciers, lâĂtat protĂ©geant leurs intĂ©rĂȘts, le chantier historique en Ćuvre dans ce colloque tente de dĂ©terminer plus finement, en y ajoutant lâapproche culturelle, le processus de construction de lâĂtat avec et par les Ă©lites. Dans une approche globale de la sociĂ©tĂ©, câest en termes de fonctionnalitĂ© que Sverre Bagge dĂ©montre le dĂ©veloppement de lâĂtat en NorvĂšge oĂč les Ă©lites royales et ecclĂ©siastiques ont su faire adopter par tous leur vision du monde. Si la SuĂšde Ă©pouse le modĂšle europĂ©en, en revanche lâIrlande nâentend jouer quâun rĂŽle dâinterface en gardant sa spĂ©cificitĂ©. Un autre angle dâanalyse permet dâapprocher les serviteurs des nouveaux Ătats ceux qui disent la loi ou lagmĂ€n Thomas Lindkvist se trouvent au cĆur du dispositif de collecte et de transformation des lois au XIIIe siĂšcle, les ambassadeurs RaphaĂ«lle Schott incarnent lâinterface entre pays nordiques et vieille » Europe tout comme les stratĂ©gies matrimoniales de la famille Fleming, chevalier de Flandres » Anu Lahtinen. 49Dans toutes les analyses prĂ©cĂ©dentes, les clercs figurent en bonne place dans les mutations de sociĂ©tĂ© selon le modĂšle europĂ©en. Câest lâobjet dâune deuxiĂšme partie consacrĂ©e Ă la christianisation attestĂ©e dĂšs le VIIIe siĂšcle autour de la Baltique et plus effective avec lâarrivĂ©e de lâĂglise et son train Ă partir du XIIe siĂšcle mutation des Cisterciens de pauperes Christi en acteurs de lâĂ©lite en SuĂšde et au Danemark pour retrouver aprĂšs 1300 la pastorale des humbles Brian Patrick McGuire ; message adaptĂ© Ă ces deux pays, et dans la lignĂ©e cistercienne, de la prĂ©dication de la cinquiĂšme croisade Ane L. Bysted, enfin les transferts de clercs influents entre nord et sud de lâEurope un lĂ©gat italien Sylvain Gougenheim et la classe de 1466 » des ordinations Jussi Hanska. 50AprĂšs lâanalyse synthĂ©tique et nuancĂ©e tout Ă la fois de la dynamique des Ătats en relation avec la christianisation, la troisiĂšme partie sâouvre tout naturellement les relations entre les pays nordiques et la culture occidentale. On mesure alors lâenjeu essentiel quâa Ă©tĂ© la culture Ă©crite. La construction de lâhistoire sacrĂ©e de la Finlande Tuomas M. S. Lehtonen met en valeur une histoire liturgique et politique autour de ses deux Ă©vangĂ©lisateurs en 1155-1157, lâĂ©vĂȘque dâUppsala saint Henri et le roi non moins saint Erik Jedvardsson. Le parallĂ©lisme entre lâhistoire Ă©crite en latin et la tradition orale qui en est inspirĂ©e suit le modĂšle chrĂ©tien occidental, avec le modĂšle du martyr et celui du chevalier incarnĂ© par saint Henri, mort en valeureux croisĂ© Sini Kangas. Lâemprunt Ă lâEurope chrĂ©tienne est encore plus flagrant en ce qui concerne la culture des clercs au XIVe siĂšcle legs de la bibliothĂšque dâun chanoine de Lund diffusant ainsi dans son milieu urbain les rĂ©fĂ©rences occidentales, par Ălisabeth Mornet et la reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ© suĂ©doise quâelle se fait dâelle-mĂȘme dans la Grande Chronique rimĂ©e Corinne PĂ©neau. La piĂ©tĂ©, enfin, sâexerce selon les canons connus dans la chrĂ©tientĂ© occidentale, tension permanente de la vie du fidĂšle vers son modĂšle prĂ©sent dans la reprĂ©sentation iconographique dame Lucia Olofsdotter et sainte Anne, par Elina RĂ€sĂ€nen. 51AprĂšs les incursions des Vikings, les marchands surtout allemands et les clercs de toute lâEurope ont vĂ©hiculĂ© des modĂšles europĂ©ens de fonctionnement de sociĂ©tĂ© disponibles en temps de ruptures dans les pays nordiques forte croissance dĂ©mographique, pĂ©nurie de terres, etc.. LâĂ©crit et la vison chrĂ©tienne du monde ont permis Ă un systĂšme politique de monarchie de sâimposer avec ses Ă©lites privilĂ©giĂ©es et actives dans les grands secteurs de la sociĂ©tĂ©. 52Lâespace nordique constitue un magnifique champ dâĂ©tude ouvert par ce colloque. Colonisation ? IntĂ©gration ? Acculturation ? 53Odile KAMMERER. En ligne Fabrizio Ricciardelli, The Politics of Exclusion in Early Renaissance Florence, Turnhout, Brepols, 2007, 294 p. 54 Si, dans une rĂ©publique quelconque, les divisions furent remarquables, celles qui sont survenues dans Florence le sont au plus haut degrĂ©. [...] Ă Florence, ce furent dâabord les nobles qui se divisĂšrent entre eux ; puis les nobles et le popolo ; et en dernier lieu, le popolo et la plĂšbe/populace. Il arriva mĂȘme plusieurs fois que le parti demeurĂ© vainqueur se divisa en deux nouveaux partis. De ces divisions naquirent autant de meurtres, dâexils, dâextinctions de familles quâon en vit jamais naĂźtre dans aucune des villes dont lâhistoire a gardĂ© le souvenir. » Ces mots de Machiavel extraits de la prĂ©face de ses Histoires florentines rĂ©sument bien lâatmosphĂšre politique que lâouvrage de F. Ricciardelli â tirĂ© dâune thĂšse de doctorat soutenue en 2004 Ă lâUniversitĂ© de Warwick â cherche Ă dĂ©peindre. Ce livre trouve sa place aux cĂŽtĂ©s dâune sĂ©rie de travaux rĂ©cents de chercheurs italiens consacrĂ©s aux diffĂ©rentes facettes de lâexclusion politique dans le monde communal réétudiĂ©es notamment Ă partir des listes de proscrits lâauteur avait dĂ©jĂ Ă©ditĂ© le Libro del Chiodo Rome, 1998, trĂšs belle source pour lâhistoire de lâexclusion politique dans la seconde moitiĂ© du XIIIe siĂšcle, mais il faut aussi renvoyer au beau travail de Giuliano Milani Lâesclusione dal comune, Rome, 2003 consacrĂ© Ă la pratique du bannissement et Ă ce quâil a appelĂ© le gouvernement par les listes » governo delle liste. Lâambition de cet ouvrage relativement concis 256 pages de texte est dâoffrir une vision panoramique et synthĂ©tique des politiques dâexclusion sur la longue durĂ©e, entre le dĂ©but du XIIIe siĂšcle et lâarrivĂ©e au pouvoir des Medici en 1434. Son travail sâappuie sur un dĂ©pouillement des fonds de lâArchivio di Stato de Florence et sur lâexceptionnel tĂ©moignage des chroniques urbaines. Ce choix de la longue durĂ©e est dâautant plus ambitieux quâune grande partie de la mĂ©moire Ă©crite des exclusions a disparu avec la destruction des archives judiciaires au moment de la chute du duc dâAthĂšnes en 1343. 55AprĂšs un chapitre introductif The legal forms of exclusion » qui fait le point sur la terminologie de lâexclusion, de la proscription sur le plan juridique et social bannus, confinatus, ammonizioni, qui prĂ©sente les mĂ©canismes judiciaires conduisant Ă cette exclusion et dresse de maniĂšre plus large le portrait de lâexilĂ©, du fuoruscito, lâauteur adopte une progression chronologique et analyse dans le dĂ©tail lâimpact des Ă©vĂ©nements de cette pĂ©riode sur ces pratiques dâexclusion ; pratiques qui jouĂšrent un rĂŽle clĂ© dans la rĂ©solution du conflit politique et qui resurgissaient plus fortement dans les moments â nombreux â de tension. Le chapitre 2 An instrument of political resolution » couvre le XIIIe siĂšcle et sâinterroge sur les racines du factionalism florentin, sur cette culture quâil dit fondĂ©e dans une large mesure sur la pratique de la vendetta, Ă travers lâĂ©vocation des luttes entre Guelfes et Gibelins et la progressive entrĂ©e en scĂšne du popolo ; le chapitre 3 Toward the overcoming of violence ? » , qui couvre la premiĂšre moitiĂ© du XIVe siĂšcle, retrace lâopposition entre Guelfes Blancs et Guelfes Noirs, jusquâĂ la chute du rĂ©gime mis en place par le duc dâAthĂšnes ; le chapitre 4 Between power games and conspiracies » couvre les annĂ©es 1343-1382, qui voient sâaffronter les Ricci et les Albizzi ; le dernier chapitre enfin The legitimization of practice » nous conduit jusquâĂ la mise en place de la domination des Medici et analyse les luttes entre Albizzi et Alberti puis Albizzi et Medici. 56DĂšs les premiĂšres lignes, lâauteur ne cache pas sa fascination pour une ville qui est Ă la fois une des plus prospĂšres et puissantes dâOccident et, dans le mĂȘme temps, marquĂ©e par une exacerbation des luttes de factions. SâintĂ©ressant Ă ce quâil appelle la face sombre du systĂšme rĂ©publicain florentin » p. 1, il insiste sur le paradoxe dâun systĂšme qui se veut parfait sur le plan thĂ©orique mais qui ne parvient pas Ă mettre fin Ă la pratique de la persĂ©cution politique. En prenant le problĂšme sur la longue durĂ©e, il montre quâune trĂšs grande continuitĂ© unit lâĂąge communal et lâaccession au pouvoir de la coalition des Medici ainsi, entre le XIIIe et le XVe siĂšcle, les exclusions acquiĂšrent une forme de plus en plus prĂ©cise, sophistiquĂ©e et ciblĂ©e jusquâĂ devenir finalement lâune des solutions les plus couramment utilisĂ©es pour faire face aux problĂšmes dâinstabilitĂ© politique, systĂ©matiquement employĂ©es par les couches dirigeantes pour asseoir leur pouvoir sur la ville et son territoire et Ă©radiquer les dissidents, privant les vaincus de tout espace au sein de la citĂ©. Ces exclusions sont accompagnĂ©es des diffĂ©rentes formes de propagande utilisĂ©es dans les citĂ©s dâItalie du Nord et du Centre rhĂ©torique politique, religieuse, Ă©pigraphie, iconographie, spectacle de la punition public spectacle Ă lâoccasion des exĂ©cutions mais aussi mises en scĂšne de la rĂ©intĂ©gration dâexilĂ©s ou de prisonniers. Le choix de la longue durĂ©e lui permet aussi de montrer que les leader ennemis exĂ©cutĂ©s sont finalement peu nombreux, ce qui lâamĂšne Ă conclure que la lutte contre les diverses formes de dissidences politiques conduisit Ă une rĂ©pression raisonnable » et que cette pratique constante dans lâhistoire de la citĂ© constitue paradoxalement un facteur dâordre » ordering element trĂšs ancrĂ© dans les dynamiques sociales et politiques de Florence. 57Ă cĂŽtĂ© de ces rĂ©flexions sur la nature et le sens de lâexclusion, lâautre intĂ©rĂȘt de ce livre est de suivre au fil des chapitres la genĂšse, le dĂ©veloppement et lâenrichissement des pratiques judiciaires, gestionnaires et archivistiques quâimposĂšrent de telles politiques le systĂšme rĂ©pressif repose de façon classique sur les magistratures du Podestat, du Capitaine du Peuple, ou encore de lâEsecutore degli ordinamenti di giustizia et du Guidice degli appelli. Ă celles-ci sâajoutĂšrent progressivement, Ă la fin du XIIIe siĂšcle et surtout au XIVe siĂšcle, la crĂ©ation dâautres magistratures spĂ©cialisĂ©es comme les Dieci della libertĂ 1372, les Otto di guardia 1378 ou les Dieci di baliĂ 1384. Ces derniĂšres jouĂšrent un rĂŽle politique, supplantant â au criminel â les vieilles magistratures judiciaires, liĂ©es de plus en plus intimement au pouvoir exĂ©cutif. Le cas des Otto di guardia est exemplaire cette magistrature qui finit par ĂȘtre dotĂ©e de pouvoir pĂ©naux â elle Ă©tait autorisĂ©e Ă enregistrer dans ses registres tous ceux qui Ă©taient suspectĂ©s de dĂ©loyautĂ© envers le rĂ©gime et, si nĂ©cessaire, elle pouvait mettre Ă jour les informations Ă leur sujet â joua un rĂŽle essentiel dans lâaffirmation de la prééminence des Medici Ă leur avĂšnement en 1434 et devint ensuite la plus importante magistrature dâinvestigation de la RĂ©publique florentine. De mĂȘme, face aux profits importants gĂ©nĂ©rĂ©s par la confiscation des biens des rebelles, la commune crĂ©a plusieurs magistratures spĂ©cifiques en 1286, une magistrature fut chargĂ©e de la vente des biens des exilĂ©s ; en 1302, fut mis en place un Ufficiale sopra i beni dei ribelli, et on confia Ă un fonctionnaire Ă©tranger Ă©lu la tĂąche de superviser les confiscations des biens des rebelles et des bannis. 58Si certains passages sur la psychologie » de lâexilĂ©, la souffrance quâil devait Ă©prouver loin de sa patrie sont moins convaincants, lâauteur ne reculant pas devant les effets de dramatisation stylistique â il reprend peut-ĂȘtre plus ou moins inconsciemment le style de certains chroniqueurs exilĂ©s eux aussi â, ce travail nâen reste pas moins une synthĂšse trĂšs claire qui permet dâobserver, de façon presque gĂ©ologique, cette sĂ©dimentation des conflits sur plus de deux siĂšcles et de plonger dans une histoire florentine trĂšs mouvementĂ©e oĂč les conflits entre factions, familles et individus demeurent une donnĂ©e de base de la vie et de la culture politiques. 59Sylvain PARENT. En ligne Florent Garnier, Un consulat et ses finances. Millau 1187-1461, Paris, ComitĂ© pour lâhistoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 2006, 947 p. prĂ©face dâAlbert RigaudiĂšre. 60Les sources financiĂšres conservĂ©es aux archives municipales de Millau sont dâune exceptionnelle richesse mais elles nâavaient pas Ă©tĂ© vraiment utilisĂ©es jusquâĂ prĂ©sent. Florent Garnier nâa pas hĂ©sitĂ© Ă se plonger dans ces documents parfois rĂ©barbatifs mais indispensables Ă la comprĂ©hension de bien des aspects de lâhistoire urbaine. Il ne sâest pas contentĂ© de prĂ©senter les dĂ©penses et les recettes de la ville, ce qui nâaurait eu quâun intĂ©rĂȘt limitĂ©, mais il a envisagĂ© les finances dans le contexte des institutions consulaires et leur environnement urbain. Il a donc essayĂ© de dĂ©crire la crĂ©ation dâune administration financiĂšre, la mise en place de rĂšgles comptables rigoureuses ainsi que lâorganisation de la collecte et de la gestion de ressources permanentes. Il a su intĂ©grer son Ă©tude locale Ă lâĂ©volution de ce genre dâinstitutions dans les autres villes qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es, de maniĂšre Ă mettre en Ă©vidence lâexistence de ce quâil appelle un modĂšle financier urbain ». 61Câest donc par ce systĂšme financier quâil commence son livre. Il cherche Ă dĂ©crire les Ă©tapes de la formation du patrimoine de lâuniversitas et la mise en place des premiĂšres institutions du consulat dĂšs le dernier quart du XIIIe siĂšcle. Il montre que la constitution de ce systĂšme financier repose sur lâexistence dâune organisation fiscale capable dâimposer rĂ©guliĂšrement des taxes, de les rĂ©partir et de les collecter selon des rĂšgles Ă©laborĂ©es par la municipalitĂ© elle-mĂȘme. Il montre donc aussi comment les documents de gestion livres des travaux, livres des taxes, livres des dettes, les livres de comptes des trĂ©soriers et les registres fiscaux apparaissent alors quâil nâexiste pas encore de budgets annuels. Il note en particulier que la multiplicitĂ© des comptes empĂȘche souvent les compensations dâun poste Ă lâautre mĂȘme si celles-ci sont parfois dĂ©cidĂ©es par le consul boursier », responsable des finances, apparu au dĂ©but du XIVe siĂšcle. La reconduction du mĂȘme homme Ă la charge de trĂ©sorier, thĂ©oriquement renouvelable chaque annĂ©e, permet aussi une continuitĂ© dans la gestion financiĂšre millavoise qui favorise la permanence de mĂ©thodes de gestion efficaces. Florent Garnier prĂ©cise que les rĂšgles de perception ou de rĂ©partition â sans doute implicites â ne donnent pas lieu Ă de nombreuses ordonnances et que câest lâanalyse prĂ©cise des registres qui permet seule de les dĂ©celer. 62Lâauteur sâintĂ©resse Ă©galement au pouvoir dans la ville » dĂ©crivant successivement les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales des habitants et les conseils qui les ont progressivement remplacĂ©es au cours du XIIIe siĂšcle et de la premiĂšre moitiĂ© du XIVe siĂšcle. Le consulat qui naquit ainsi sut habilement profiter des changements de domination politique pour sâaffirmer au moment oĂč, dans les annĂ©es 1275-1300, la ville passait dâune fiscalitĂ© occasionnelle Ă une fiscalitĂ© permanente. GrĂące Ă une Ă©tude de type prosopographique des dirigeants, Florent Garnier montre que le pouvoir est dĂ©tenu par quelques lignages et que le renouvellement de lâĂ©lite urbaine est trĂšs limitĂ©. 63La fiscalitĂ© permanente gĂ©rĂ©e par le consulat Ă©tait Ă©videmment liĂ©e Ă la dĂ©fense de la ville, ce qui permit au consulat dâaffirmer sa capacitĂ© militaire et fiscale au service de la monarchie, mais aussi comme reprĂ©sentant des intĂ©rĂȘts du pays, puisquâil dirigeait une des grosses villes du Rouergue » tandis que, de son cĂŽtĂ©, la monarchie sut Ă©galement tirer parti du pouvoir politique, Ă©conomique et financier incarnĂ© par la ville. 64Câest donc Ă la description de Millau comme ville en Rouergue » puis comme ville du royaume » Ă partir des annĂ©es 1371 que passe ensuite Florent Garnier. Il montre quâelle fut une ville carrefour, un point de passage pour les hommes, les biens et les idĂ©es et quâelle joua un rĂŽle majeur dans la vie de la sĂ©nĂ©chaussĂ©e. Devenue ville du royaume, la ville dĂ©veloppa assez rapidement un sentiment monarchique et national qui sâexprime dans les comptes consulaires du deuxiĂšme quart du XVe siĂšcle. 65La deuxiĂšme partie de lâouvrage revient sur les gens de finances. Lâauteur y Ă©tudie dâabord en dĂ©tail le consul et boursier », autrement dit le trĂ©sorier. Les 39 titulaires de cette charge quâil recense sont gĂ©nĂ©ralement issus du milieu des marchands et leur patrimoine les range parmi les plus riches habitants de la ville. Toutefois, ce milieu nâest pas homogĂšne dans le temps avant les annĂ©es 1440-1450, lâexercice de la charge sâinscrit dans une carriĂšre politique ; aprĂšs cette date, beaucoup de trĂ©soriers ne furent plus consuls, peut-ĂȘtre parce quâils nâavaient pas fait dâĂ©tudes juridiques. Ils nâassumĂšrent donc plus que des fonctions locales. Dans le cadre de leurs fonctions, ils Ă©taient entourĂ©s dâautres gens de finances particuliers » auxquels Florent Garnier consacre le chapitre suivant. Il sâagit pour la pĂ©riode dâun groupe de 400 personnes â quâil rĂ©partit en trois groupes selon leur fortune et leurs rapports avec le milieu consulaire â qui contribuent eux aussi Ă la mise en place dâune administration fiscale efficace. On y trouve les collecteurs et fermiers de lâimpĂŽt, les rĂ©gisseurs de travaux ou dâhĂŽpitaux, les bassiniers dâaumĂŽne, etc., câest-Ă -dire tout un monde de gestionnaires maniant les deniers publics et contrĂŽlĂ©s par le consulat formant un groupe hĂ©tĂ©rogĂšne mais soudĂ© par des compĂ©tences et des responsabilitĂ©s financiĂšres. 66La troisiĂšme partie de lâouvrage est intitulĂ©e Lâargent urbain ». Il sâagit pour lâauteur dâanalyser les dĂ©penses puis les recettes de la ville. Pour les premiĂšres, il constate â mais ce nâest pas propre Ă Millau â que les dĂ©penses destinĂ©es aux fortifications sont prĂ©pondĂ©rantes entre 1356 et 1368 mais quâelles subissent ensuite de fortes variations dans le temps. Il montre aussi lâimportance des prĂ©lĂšvements des comtes dâArmagnacs, puis de la monarchie. NĂ©anmoins, si les autres dĂ©penses sont trĂšs variĂ©es comme le rĂ©vĂšle le tableau rĂ©capitulatif qui clĂŽt le chapitre, lâauteur insiste sur la faiblesse des dĂ©penses Ă caractĂšre social et surtout Ă©conomique. 67Pour les recettes, Florent Garnier constate quâĂ la diffĂ©rence des villes du Nord et de lâOuest du royaume, les impositions sur la circulation, la commercialisation et la consommation des marchandises occupent une place limitĂ©e. De ce fait, câest lâimpĂŽt direct, taxant le capital et les revenus des habitants, ainsi que lâemprunt, en cas de nĂ©cessitĂ© urgente, qui fournissent lâessentiel des revenus de la ville sans quâil y ait constitution dâune dette publique permanente. Cette prĂ©dominance de lâimpĂŽt direct explique aussi lâexistence prĂ©coce dâun droit fiscal dâorigine urbaine. 68Dans lâensemble de cette partie, lâauteur nâoublie pas de tenir compte des rĂ©alitĂ©s monĂ©taires quâil prĂ©sente en quatre phases partagĂ©es entre inflation puis dĂ©flation, instabilitĂ© monĂ©taire avec hausse des prix puis stabilisation relative, ce qui renforce le systĂšme fiscal et financier et habitue la population Ă lâexistence dâun impĂŽt rĂ©gulier municipal, la prĂ©parant ainsi Ă subir la fiscalitĂ© royale. 69Cette longue et minutieuse Ă©tude, souvent passionnante, permet Ă Florent Garnier de conclure en insistant sur ce qui Ă©tait lâobjet de sa recherche la confirmation de la mise en place dâun systĂšme financier reposant sur lâexistence dâune organisation fiscale permanente, nĂ©e de la norme et de la pratique, capable dâimposer rĂ©guliĂšrement des taxes, de les rĂ©partir et de les collecter en se fondant sur la connaissance du patrimoine des contribuables, selon des rĂšgles Ă©laborĂ©es par lâadministration municipale. Il constate que, comme dans dâautres villes du royaume, sâĂ©labore progressivement un ensemble de rĂšgles et de pratiques concernant la tenue des divers livres de compte. Ce systĂšme politico-administratif connut malgrĂ© tout une genĂšse assez chaotique au grĂ© des dominations politiques, avant de se fixer aprĂšs le retour de la ville Ă la couronne française. LâĂ©laboration de ce systĂšme fut le fait dâun milieu particulier, encore peu Ă©tudiĂ© jusquâĂ prĂ©sent les gens de finance qui trouvent quelque intĂ©rĂȘt personnel Ă la gestion financiĂšre de la ville mais ne forment pas vraiment un milieu homogĂšne. Câest le grand mĂ©rite de Florent Garnier que dâavoir portĂ© lâaccent sur ce groupe social encore trop mĂ©connu. 70Philippe LARDIN.Lagitation illustre les profondeurs de la confiance brisĂ©e Ă Uvalde entre les rĂ©sidents et les forces de lâordre plus de trois mois aprĂšs le meurtre de 19 enfants et de deux enseignants dans lâune
La rĂ©daction PubliĂ© le 16/07/2013 Ă 18h07 4 commentaires Le prĂ©fet peut proposer la dissolution d'un conseil municipal, mais c'est une solution de "dernier recours", mise en oeuvre dans des circonstances lors quâil constate un blocage durable, large et manifestement irrĂ©versible du fonctionnement de lâassemblĂ©e communale mettant en pĂ©ril la gestion administrative de la commune, et aprĂšs avoir constatĂ© lâĂ©chec des tentatives de rĂšglement amiable de la situation, le prĂ©fet peut proposer au ministre de lâIntĂ©rieur la dissolution du conseil de "dernier recours" Selon lâarticle L2121-6 du CGCT, un conseil municipal peut ĂȘtre dissous par dĂ©cret motivĂ© rendu en conseil des ministres et publiĂ© au JO. La dissolution doit rester ⊠exceptionnelle et une solution de dernier recours, le caractĂšre solennel de la procĂ©dure supposant quâelle reste proportionnĂ©e aux conditions cumulatives Aux termes de la jurisprudence, deux conditions doivent ĂȘtre remplies pour quâil puisse y avoir dissolution CE 13 juillet 1968, Sieur Hell et a. les dissensions au sein du conseil municipal ont des rĂ©percussions sur son fonctionnementet elles revĂȘtent un degrĂ© de gravitĂ© tel que la gestion de la commune est mise en pĂ©ril. Il en est ainsi lorsque le conseil municipal sâest montrĂ© incapable, Ă plusieurs reprises, dâĂ©lire le maire et les adjoints ⊠ou encore lorsquâil a Ă©chouĂ©, Ă deux reprises au moins pour un mĂȘme exercice, Ă adopter le budget primitif CE 4 juin 2007, Cne du PĂȘchereau.
2 Les conséquences de la démission d'un conseiller municipal dans les communes de 1000 habitants et plus La réception par le maire de la démission d'un conseiller municipal a pourCommune de 1 000 habitants ou plusLa prochaine élection des conseillers municipaux et des conseillers de Paris doit avoir lieu en conseillers municipaux sont élus pour un mandat de 6 ans au suffrage universel direct par les électeurs français et européens inscrits sur les listes mode de scrutin combine les rÚgles du scrutin majoritaire à 2 tours et celles du scrutin maire et ses adjoints sont ensuite élus par le conseil de 1 000 habitantsLes prochaines élections municipales doivent avoir lieu en conseillers municipaux sont élus pour un mandat de 6 ans au suffrage universel direct par les électeurs français et européens inscrits sur les listes scrutin est majoritaire, plurinominal, à 2 tours .Le maire et ses adjoints sont ensuite élus par le conseil municipal.ZJgEV.